Nous sommes arrivés à San Francisco en soirée après avoir fait la route depuis Sequoia Park. Le soleil se couchait quand nous avons traversé San Mateo bridge. Le magnifique spectacle de la baie de San Francisco sous un ciel orangé est venu alléger la fatigue que je ressentais après trois journées consécutives de route.

La ville de San Francisco jouit d’un statut à part dans l’inconscient collectif. Elle est connue et respectée pour sa tradition de tolérance. Quand on l’évoque on pense souvent au mouvement hippie qui y a connu un essor particulier. On pense également à la forte communauté homosexuelle qui a souvent permis à la ville d’être précurseuse dans la défense de leurs droits. Aujourd’hui, la ville revendique être un sanctuaire pour les immigrés clandestins.

Je crois que même les personnes qui critiquent le plus sévèrement l’Amérique, dénonçant la dureté de son modèle économique ou son côté réactionnaire, posent sur la ville de San Francisco un regard différent.

Il m’a semblé que la ville de San Francisco était, en partie, conforme à son image de contre-culture ou de résistance par rapport à des politiques qui placeraient le profit sans conscience et sans humanisme, comme objectif principal de leur mandat. Nous avons observé à de nombreuses reprises, des panneaux accrochés aux fenêtres, aux portes, sur les voitures, dénonçant le régime en place et appelant à une résistance active. La ville communique également beaucoup sur sa volonté d’être à la pointe de la lutte contre le réchauffement climatique.

Mais San Francisco n’est pas que cela. C’est aussi une ville américaine, riche, avec ses tours, ses banques, ses grandes entreprises… On ne peut parler de San Francisco, sans parler de ce que les américains appellent « The Bay Area ». L’air urbaine de San Francisco englobe au sud la Silicon Valley avec les sièges de quelques géants de l’informatique : Hewlett Packard (Palo Alto), Google (Mountain View), Apple (Cupertino), Facebook (Menlo Park). Elle englobe les universités de Stanford (au sud près de Palo Alto) et de Berkeley (à l’est près d’Oakland)… La région de San Francisco est l’une des plus riches des Etats-Unis. Le revenu moyen par habitant y serait même le plus élevé.

San Francisco est donc une ville de contraste où existe une tradition de contre-culture et de résistance, mais également une ville qui glorifie le développement économique le plus débridé.

Les plus riches se battent pour habiter dans les quartiers les plus « select ». La ville est belle. Elle compte de nombreuses demeures magnifiques. Mais que les prix de l’immobilier sont élevés! Nous-mêmes, nous avons dû nous résoudre à prendre un hôtel éloigné du centre pour ne pas trop nous éloigner du budget alloué. L’hôtel – le plus cher que nous ayons pris aux Etats-Unis – était d’ailleurs tout à fait quelconque.