Auteur/autrice : Philippe

6 jours passés en Arménie

Erevan a été la première étape de notre court séjour dans le Caucase, entre Arménie et Géorgie. Après un voyage de 24 heures un peu éprouvant pour sa longueur, mais finalement confortable dans les avions d’Aeroflot, nous sommes arrivés à Erevan à 1 heure du matin. Nous avions demandé à notre hôte de nous organiser un transfert depuis l’aéroport jusqu’à l’appartement car c’est un luxe appréciable de savoir que quelqu’un nous attend quand nous arrivons dans un nouveau pays, surtout quand c’est en pleine nuit.

Les bagages récupérés, nous nous sommes dirigés vers la sortie. Nous attendait un homme pas très rassurant de prime à bord, trapu, les cheveux presque rasés, avec des tatouages sur tout le corps jusqu’au visage. Il était accompagné d’un acolyte, grand et mince. Les deux, ensemble, donnaient l’impression d’être des hommes de main de la mafia locale. En fait, le premier était notre hôte, Eric. Il nous a accueillis avec le sourire et nous a mis à l’aise tout de suite. Après 20 minutes de route, nous avons découvert le superbe appartement où nous allions loger, nous sommes allés au supermarché en bas de l’immeuble (ouvert 24h sur 24) pour acheter quelques boissons et de quoi faire un petit-déjeuner le lendemain et puis, à notre grand soulagement, nous nous sommes allongés pour profiter d’un sommeil réparateur.

Le lendemain en nous levant, nous avons découvert la superbe vue sur la cathédrale Saint-Grégoire, située à 50 m de l’immeuble. Le temps était ensoleillé. Notre façade étant exposée à l’ouest, la cathédrale était illuminée de la douce lumière matinale. Derrière elle, un large panorama de la ville en terrasse d’Erevan s’offrait à nos yeux. Et au fond, nous apercevions le mont Aragats enneigé (4090 m). Erevan se situe elle-même à peu près à 1000 m d’altitude. Notre appartement était magnifique, bien équipé et nous bénéficions d’un support permanent du staff de l’immeuble : une jeune fille présente toute la journée pour nous donner des conseils, Eric qui passait de temps en temps, les gardiens en bas de l’immeuble. Tous étaient souriants, sympathiques et dévoués.

Malheureusement, ce sont à peu près les seules personnes sympathiques que nous ayons rencontrées durant notre séjour. Je me rappelle encore de trois dames souriantes à l’accueil du musée de l’Arménie et encore une autre à l’entrée du mémorial du génocide arménien. Et voilà, c’est à peu près tout. Pour le reste, je ne me pas rappelle pas d’avoir été dans un lieu avec une telle impression désagréable d’être persona non grata. Dans la rue, dans les supermarchés, à l’entrée des musées, dans les églises, au restaurant, dans les transports, les gens nous toisaient avec des regards scrutateurs et ouvertement hostiles. Répondre à ces regards noirs par des sourires ne changeaient en rien leur attitude. Même les filles s’en sont rendues compte. Pas de sourire, mais pas de « bonjour », de « merci », ni de quelque mot que ce soit, juste une attitude glaciale. Quelle en est la raison? J’avoue l’ignorer totalement. Pourtant, partout la relation forte entre l’Arménie et la France est vantée. Charles Aznavour, le franco-arménien, est un héros national. J’ai pensé un temps que c’était leur façon d’être y compris entre eux. Mais au bout du compte, je pense qu’il y a autre chose. Est-ce une fermeture de principe à tout ce qui vient de l’étranger et aux touristes? Est-ce une souffrance par rapport à leur histoire dont ils n’arrivent pas à se départir? Est-ce de la jalousie? Cela reste un mystère à mes yeux. J’ai beaucoup aimé la ville d’Erevan et la campagne alentour que nous avons eu l’occasion de visiter en voiture. Mais cette attitude des arméniens nous a un peu gâché le plaisir. Je me rends compte qu’en écrivant ces lignes, je peux blesser certaines personnes qui les liront. Je m’en excuse par avance auprès d’elles. Malheureusement, la sincérité de ce que j’écris est réelle. Et cela m’attriste.

Evidemment, après le Japon où les gens étaient aussi aimables et souriants, cela a été un choc. Mais nous avons fait contre mauvaise fortune bon coeur, en nous intéressant à la ville et au pays. Heureusement, en rentrant de nos escapades nous retrouvions le staff charmant de l’immeuble ainsi que notre très bel appartement.

La ville n’est pas très grande. Nous avons emprunté plusieurs fois le métro pour nous rapprocher des centres d’intérêts, situés à une ou deux stations de chez nous. Le métro date de l’époque soviétique. Il ressemble dans sa conception aux métros de Moscou et Saint-Pétersbourg, mais en beaucoup moins luxueux. Sa construction a été terminée dans les années 80. Mais, il semble avoir été construit au début du siècle dernier tant il est vétuste, bruyant, humide. Les filles riaient beaucoup avec les escalators extrêmement rapides, les plus rapides que je n’ai jamais vus.


Vue sur la cathédrale Saint-Grégoire depuis notre appartement, matin


Vue sur la cathédrale Saint-Grégoire depuis notre appartement, début d’après-midi

 

Dernière étape avant Paris

Nous sommes arrivés ce matin à Tbilissi, notre dernière étape avant le retour en France. Le vol était très matinal : décollage à 5h45 d’Erevan. Le soleil se levait quand nous avons décollé. Nous avions une superbe vue sur le Mont Ararat enneigé (5137 m), aujourd’hui en Turquie, revendiqué par les arméniens comme leur terre ancestrale. Nous avons loué une nuit de plus à Tbilissi pour pouvoir disposer de l’appartement dès notre arrivée autour de 7h du matin. La ville a l’air belle. Il fait chaud. La météo prévoit 32°C aujourd’hui. Peut-être moins qu’à Paris? L’appartement ressemble à un loft d’artiste sous les toits. Il est situé au deuxième étage d’un immeuble classique d’une des rues cossues de la ville. Il est vaste et très agréable. Nous avons dormi un peu à notre arrivée. Nous émergeons à peine. Plus que 5 jours avant de rentrer en France…

 

Impressions sur le Japon

Nous avons eu l’impression que les 5 semaines de notre séjour au Japon étaient passées très vite. Dès notre arrivée à Osaka, nous nous sommes sentis bien. Contrairement à ce que j’avais craint, il est facile de séjourner au pays du soleil levant. Bien sûr la connaissance de l’anglais est assez peu répandue dans la population. Mais dans les transports et sur les lieux touristiques les instructions sont presque toujours écrites en anglais, et, les personnes en charge de l’accueil connaissent généralement les quelques mots d’anglais nécessaires pour se faire comprendre. Si la barrière de la langue est indéniable, nous avons souvent rencontré des gens qui passaient outre cette difficulté et cherchaient malgré tout à communiquer. Partout, nous avons rencontré des gens bienveillants, souriants et heureux d’accueillir des touristes venus visiter leur pays. Les japonais sont aidants. En 35 jours, je ne me rappelle pas d’un seul contact déplaisant ou froid. Evidemment, dans les grandes villes, notamment à Tokyo, la multitude fait que les gens se croisent un peu comme des robots. Mais même dans ces lieux surpeuplés, il y a toujours beaucoup de civilité dans les comportements. Il ne s’agit pas là de détails, mais de choses fondamentales qui fondent les bases de la société. Respect, dignité, élégance.

Ceci étant, la perception que l’on peut avoir en tant que touriste ne suffit probablement pas à comprendre le pays dans sa complexité. Les personnes qui ont vécu au Japon disent généralement qu’il est difficile de s’intégrer réellement. Sans doute est-ce lié à la situation géographique et à l’histoire du pays? Nous avons constaté lors de notre séjour à quel point, les japonais étaient soucieux de préserver leurs traditions, leurs spécificités culturelles. J’ai ressenti comme une volonté de se protéger d’un monde extérieur (voire d’un futur) potentiellement dangereux car susceptible de menacer une certaine harmonie.

Le Japon serait le pays au Monde avec le taux de criminalité le plus bas. La violence est rare. De fait, je ne me suis jamais senti autant en sécurité. Mais cela ne signifie pas que la société japonaise est douce pour tout le monde. Je pense, au contraire, que la reconstruction s’étant faite à marche forcée dans une logique très libérale, l’individu est souvent confronté à une violence émanant de la société. J’ai été impressionné de voir autant de gens semblant épuisés au point de s’endormir dans les transports. C’est un phénomène généralisé. Et puis, il y a surtout ces personnes dont on pourrait supposer qu’elles ont atteint l’âge de la retraite, mais qui continuent à travailler, souvent dans des petits emplois tels que le nettoyage ou le gardiennage. Il semble même que le pays enregistre une croissance des petits délits perpétrés par des personnes âgées, tels que le vol. Au sujet des personnes âgées, une chose nous a choqués qui vient nuancer mes propos du premier paragraphe : dans les transports, il est très rare que les plus jeunes se lèvent pour laisser la place aux anciens. Quand nous l’avons fait, nous avons souvent suscité de la surprise. A mes yeux, c’est un petit signe supplémentaire de la dureté de la société.

Malgré ces réserves, le Japon est un pays admirable par sa force collective, sa capacité à avancer et à dépasser les tragédies nationales. J’ai été émerveillé par le patrimoine. Mes plus beaux souvenirs resteront, sans doute, le château d’Osaka, le parc de Nara et la ville de Kyoto dans son ensemble. Tokyo est une très belle ville qui est incontournable si on visite le Japon, mais elle ne m’a pas touché avec la même force que ces autres lieux. Comme nous avions fait le choix de ne pas louer de voiture, nous avons découvert le Japon urbain. Dans l’ensemble, les villes sont surprenantes de calme et de sérénité. Il existe de nombreux parcs qui constituent des lieux de retraite féériques même dans le plein coeur de Tokyo. Malheureusement, le temps ne nous a pas permis de faire une escapade au Mont Fuji. Ca sera pour une prochaine fois…

Découvrir le Japon des campagnes, voir le Mont Fuji, retrouver la délicieuse ambiance japonaise et les sourires bienveillants des japonais sont autant de raisons qui alimentent une envie de revenir.