Catégorie : Histoire

Les incas

Le voyage au Pérou était, à mes yeux, l’occasion de mieux connaître la civilisation inca. Comme pour les aztèques, j’avais gardé en mémoire que la civilisation inca était une des plus importantes de l’ère précolombienne. Elle l’est probablement par les vestiges et l’influence culturelle légués aux générations modernes. Mais j’ai été surpris de découvrir que cette civilisation a finalement eu une existence limitée dans le temps.

En effet, leur origine est datée du XIIIème siècle, époque où une tribu venue de la région du lac Titicaca s’installe par la force à Cuzco. Jusqu’au début du XVème siècle, le territoire contrôlé par les incas ne se serait pas étendu au-delà de 40 km autour de Cuzco. C’est à la suite d’une guerre avec une tribu voisine, que l’empire inca aurait connu une expansion rapide sur un vaste territoire allant de l’actuelle Colombie jusqu’à la Patagonie.

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Mais cet empire étendu connaît une existence courte, car dès 1532 Francisco Pizarro commence la conquête de l’empire inca. Le dernier empereur inca, Atahualpa meurt en 1533. Une résistance subsiste dans la ville de Vilcabamba jusqu’en 1572, année de la mort du dernier roi inca de la ville, Tupac Amaru.

Pour une vision d’ensemble sur l’organisation de la société, les cultes, les arts, etc., je vous renvoie à la lecture de l’article de Wikipedia, qui me semble plutôt complet.

 

La Guerre des Castes

Dans l’histoire du Yucatán, il est un événement majeur qui survient dans le milieu du XIXème siècle qui permet de mieux comprendre le pays.

En 1821, le Mexique et le Yucatán déclarent conjointement leur indépendance vis-à-vis de l’Espagne. Le Yucatán intègre le Mexique en 1823. Le Mexique se dote d’une constitution en 1824, proclamant l’égalité entre tous les individus, et abolit les distinctions de race. En 1829, le Mexique abolit l’esclavage (pour rappel, l’esclavage est définitivement aboli en France par la loi du 27 avril 1848 ; il est aboli aux Etats-Unis par la loi du 18 décembre 1865, à l’issue de la guerre de sécession).

Si le Yucatán a intégré le Mexique en 1823, il subsiste un fort sentiment régional qui résiste à la tendance centralisatrice de Mexico. Des velléités indépendantistes voient le jour. Le Yucatán est déchiré entre Mérida, l’indépendantiste, et Campeche, la légitimiste. Mérida est la ville où vit la plus forte communauté blanche. Y vivent également des métis et des indiens asservis. Le port de Campeche a construit sa richesse sur l’exportation des matières premières et a besoin de Mexico pour protéger ses routes commerciales. Dans le reste du Yucatán, le pouvoir est morcelé. Dans le centre de la péninsule, il est partagé en petites communautés, espagnoles, métis ou mayas qui exercent un contrôle sur les populations paysannes mayas. Au sud, le pays est recouvert par la forêt tropicale et les mayas vivent libres de toute contrainte.

La fin de la tutelle espagnole, réduit les échanges commerciaux avec Cuba. Le Yucatán développe ses propres cultures de canne à sucre, pour remplacer le sucre cubain. Progressivement, les élites de la région investissent le sud du pays qui bénéficient de terres plus fertiles et plus arrosées, réduisant au fur et à mesure les espaces où les mayas évoluent librement. Le développement fulgurant de la canne à sucre apporte une prospérité nouvelle à Mérida, qui vote en 1846 pour l’indépendance de la province. Un conflit s’engage avec Mexico et Campeche, restée fidèle à la capitale fédérale. Dans le même temps, Mexico entre en conflit avec les Etats-Unis, auxquels le Texas vient de demander son rattachement (1845-1848). Le Yucatán autour de Mérida, bénéficie de cette situation et parvient à préserver l’intégrité de son territoire. Dans ce conflit, les mayas sont utilisés comme chairs à canon entre les deux camps.

Si les frontières du Yucatán semblent sauvegardées pour un temps, la situation se dégrade à l’intérieur du pays. La disparation progressive de leur terre, l’exploitation par les élites de Mérida et les séquelles du conflit armé, poussent les mayas à la révolte. Les batabs, les chefs de clans mayas, seraient à l’origine du déclenchement de la Guerre des Castes, considérée comme la plus longue des rébellions paysannes d’Amérique latine. 85.000 personnes se seraient ainsi soulevées contre la domination exercée par l’élite blanche. Les révoltés mayas trouvent un appui en arme du côté de l’Angleterre qui cherche à étendre son influence dans la région. Au début de l’année 1848, les yucatèques sont tellement affaiblis qu’ils envisagent une évacuation de la péninsule. Le gouverneur propose un rattachement de la péninsule aux Etats-Unis pour trouver un soutien armé. Mais les Etats-Unis rejettent la proposition et mettent comme condition à la fourniture d’armes, la réintégration du Yucatán dans la fédération mexicaine. Forcée de s’allier de nouveau avec Mexico, Mérida parvient à stabiliser la situation et regagne progressivement du territoire. Le conflit va se transformer en une guerrilla qui durera officiellement jusqu’en 1901. En 1858, le Mexique créé l’Etat du Campeche et partitionne ainsi le Yucatán, au détriment de Mérida, meurtrie et appauvrie par le conflit.

Les mayas, quant à eux, payeront cher ce conflit. Après la fin officielle de la guerre, la plupart d’entre eux se retrouvent dans des conditions misérables.

 

Référence : Les Mayas et Cancún, Lucie Dufresne (publié aux Presses de l’Université de Montréal)

Les mayas

La carte ci-dessous représente la zone d’influence des mayas au moment de la conquête espagnole. J’ai également identifié les sites que nous avons prévus de voir durant notre séjour : dans l’ordre, Tulum, Cobá, Chichén Itzá, Uxmal, Edzná, Palenque.

La civilisation maya est une des plus anciennes de la région. Les traces archéologiques attestent d’une architecture existant 1000 avant JC. A titre de comparaison, les aztèques, dont la zone d’influence se trouvait plus au nord, notamment autour de Mexico, se seraient installés dans la région aux alentours de 1400 après JC. En France, on a tendance à rapprocher ces deux peuples et à les considérer comme les deux civilisations majeures de l’Amérique précolombienne dans cette zone géographique. C’est une simplification qui oublie d’autres peuples pré-colombiens de l’actuel territoire mexicain (zapotèques, toltèques, huaxtèques, mixtèques…).

Une chose est certaine, la civilisation maya, du fait de sa longévité est une des plus importantes de l’ère pré-colombienne.

Après avoir vaincu les aztèques en 1521, les espagnols se lancèrent à la conquête des territoires mayas. Dès 1524, les mayas habitant les régions au nord du Guatemala furent défaits. En revanche, la résistance maya fut beaucoup plus forte dans la péninsule du Yucatán et la conquête espagnole fut plus progressive. Mérida fut fondée par Francisco de Montejo « el Mozo » (le jeune) en 1542. Et le dernier Etat maya, le royaume itzá de Tayasal, ne succomba qu’en 1697.

Si les mayas tombèrent après les aztèques, l’influence de leur civilisation avait fortement diminué bien avant l’arrivée des espagnols. Les historiens identifient une période classique, âge d’or de la civilisation maya, dont l’effondrement se situe autour de l’an 1000 après JC. Durant la période classique, le paysage politique s’organise autour de quelques grandes cités concurrentes qui entrent régulièrement en conflit. Après l’an 1000, les grandes constructions s’arrêtent et le monde maya semble s’émietter en une multitude de petites cités avec une influence beaucoup plus réduite. Les raisons de cette évolution brutale font l’objet de thèses multiples. Il semblerait que les études les plus récentes privilégient la conjonction de plusieurs facteurs défavorables qui expliqueraient cette régression, certains étant internes, d’autres externes. Parce qu’elles font échos à l’enjeu majeur de notre temps, certaines causes internes retenues par les historiens m’ont particulièrement frappé. Il semblerait, en effet, qu’une crise écologique et climatique pourrait avoir fortement contribué à cette régression : des années de sécheresse, une déforestation massive pour les besoins de la construction et une surexploitation des sols pourraient avoir rendu des zones de culture, de pêche et de chasse moins productives (voire parfois stériles). Par ailleurs, l’augmentation de la population à l’époque classique aurait été trop rapide par rapport à ce que les avancées technologiques permettaient de gérer, en termes d’organisation et en termes d’approvisionnement en nourriture.

Ne sommes-nous pas en train de vivre la même chose, à l’échelle de la planète?