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Monastère de Geghard

Ce monastère, aussi baptisé Sainte-Lance de Geghard (pour les reliques de la Sainte-Lance qu’il aurait abrité), aurait été fondé au temps des premiers chrétiens entre le IVème et le VIIIème siècle. Le complexe actuel a été bâti au XIIIème siècle. Il fut plusieurs fois endommagé par des séismes et reconstruits. Il est classé depuis l’an 2000 au patrimoine mondial de l’Unesco.

 

Arménie, repères historiques

La région du Caucase autour du Mont Ararat (aujourd’hui en Turquie) fut peuplée dès la préhistoire. Des traces d’une civilisation ayant vécu à l’âge de bronze (4000 avant JC) ont été retrouvées en 2010 et 2011, parmi lesquelles les plus vieilles chaussures en cuir au Monde, des vêtements et les éléments d’une culture vinicole.

Durant l’Antiquité, la région passa sous le contrôle de différentes puissances, parmi lesquelles le royaume d’Urartu (rival du Royaume assyrien, plus au sud), qui s’étendait, autour de 700 avant JC, depuis la méditerranée jusqu’aux frontières orientales de l’actuelle Arménie.

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Selon des écritures cunéiformes retrouvées sur une pierre d’Erevan, Argishti 1er, roi de l’Urartu de 786 à 764 avant JC, fonda la ville d’Erebouni (actuelle Erevan) en 782 avant JC. Ce document fait d’Erevan la plus ancienne ville pouvant documentée la date de son édification.

Autour de 600 avant JC, une tribu serait venue des Balkans et se serait mêlée au peuple d’Urartu, donnant naissance à l’ethnie arménienne.

Lorsqu’Alexandre Le Grand conquit la Perse, au IVème siècle avant JC, l’Arménie passa sous influence grecque. Celle-ci perdura jusqu’au IIème siècle avant JC.

En 189 avant JC, Artaxias proclama l’indépendance de l’Arménie. Il fonda Artaxate, la capitale de son royaume en 187 avant JC (voir carte ci-dessous, au sud d’Erevan ; la ville s’appelle aujourd’hui Artachat). Sous le règne de Tigrane le Grand (95-55 avant JC), le royaume d’Arménie s’étendait de la Méditerranée aux rives de la mer Caspienne. Ce même roi fit de Tigranocerte la capitale du royaume (voir carte ci-dessous ; la ville s’appelle aujourd’hui Silvan et est en Turquie).

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L’empire romain conquit la partie occidentale du royaume puis annexa l’Arménie en 65 avant JC. Durant les 3 premiers siècles de notre ère l’Arménie passa alternativement sous le contrôle des romains, des parthes (royaume au nord de l’actuel Iran) et des perses (ces derniers anéantissant au passage le royaume des parthes). En 298, les romains qui avaient repris le contrôle de la région et établit un protectorat sur l’Arménie portèrent au pouvoir le roi Tiridate IV qui se convertit au Christianisme, faisant de l’Arménie le premier royaume chrétien. C’est à cette époque que fut créé l’alphabet arménien (inspiré de l’alphabet grec), qui permit de préserver une identité arménienne malgré les invasions successives que connut le pays au cours des siècles suivants.

Au début du Vème siècle, l’Arménie était partagée entre la Perse (dynastie des Sassanides) et le royaume byzantin. Les arabes envahirent le pays et installèrent leur domination jusqu’en 885, année où l’Arménie retrouva son indépendance. Ani la capitale du royaume (aujourd’hui proche de la frontière arménienne, côté turc) devint le centre culturel, religieux et économique du Caucase. Cette période d’indépendance dura moins de 2 siècles car l’empire byzantin reprit le contrôle de l’Arménie en 1045. Puis ce furent les turcs seldjoukides qui s’emparèrent d’Ani en 1064, ruinant le pays. Si la reine Tamar reprit Ani aux turcs à la toute fin du XIIème siècle, le pays subit les invasions mongoles dès le XIIIème siècle, puis des ouzbeks, provoquant un exil massif des arméniens vers des régions plus occidentales telles que la Moldavie, la Transylvanie, la Hongrie, l’Ukraine, la Pologne, Chypre,  et la Cilicie (dans le sud de l’actuelle Turquie) où fut fondée le royaume arménien de Cilicie qui incarna la souveraineté nationale jusqu’en 1375. Durant cette période l’Arménie fut l’alliée des croisés de Terre Sainte.

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Le royaume arménien de Cilicie, dernier royaume chrétien de la région, fut vaincu par les mamelouks égyptiens en 1375. Dès lors, l’Arménie perdit toute incarnation étatique jusqu’au début du XXème siècle. A partir de 1441, l’église d’Arménie qui établit son saint-siège à Etchmiadzin joua un rôle important dans la transmission d’une identité arménienne à travers les siècles.

Jusqu’au début du XIXème siècle, la région qui correspondait au royaume de Tigrane le Grand, fut le théâtre de conflits entre l’empire ottoman et l’empire perse. Durant cette période, des communautés arméniennes se maintinrent dans tout l’empire ottoman et dans l’empire perse y compris dans les régions de l’actuelle Azerbaïdjan et jusqu’à Téhéran ou Ispahan, dans l’actuelle Iran. La majeure partie de ce territoire était sous le contrôle turc au début du XIXème siècle. En 1827, l’empire russe qui se posait en libérateur des peuples chrétiens du Caucase, récupéra les territoires du nord de l’empire perse et permit à la communauté arménienne de se regrouper et de se développer autour d’Erevan, de Tbilissi (capitale de l’actuelle Géorgie) et de Bakou (capitale de l’actuelle Azerbaïdjan), tandis que les musulmans se déplacèrent pour leur part vers l’empire ottoman ou l’empire perse.

La décadence de l’empire ottoman à la fin du XIXème siècle, la menace grandissante des nations européennes, firent naître une défiance grandissante des turcs vis-à-vis des arméniens, perçus comme une menace interne. Les arméniens furent victimes de premiers massacres entre 1894 et 1896, provoquant de 80.000 à 300.000 morts.

Allié de l’Allemagne durant la première guerre mondiale, l’empire ottoman entreprit la déportation et le massacre des arméniens dans une logique d’éradication totale, perpétrant ainsi un génocide entre 1915 et 1916. Les massacres se poursuivirent encore pendant plusieurs années provoquant au total entre 1,2 et 1,5 millions de morts, souvent massacrés dans des conditions atroces.

Suite à la révolution russe de 1917, l’Arménie parvint à créer une république indépendante à l’existence éphémère (1918-20). Lors de la Conférence de la Paix de 1919, elle se prit à rêver de la refondation d’une Grande Arménie, incluant la partie occidentale contrôlée par les turcs. Ses espoirs furent déçus. Menacée par la Turquie, l’Arménie se résolut à accepter la protection des communistes russes. Le 29 novembre 1920 naquit la République Soviétique d’Arménie ne couvrant qu’une petite partie des territoires revendiqués par les arméniens. En 1922, elle fut incluse dans la République Socialiste Fédérative Soviétique de Transcaucasie dont Tbilissi devint la capitale. En 1936, elle devint une république socialiste soviétique à part entière. Le Haut-Karabagh peuplé très majoritairement par des arméniens fut rattaché à la République Soviétique d’Azerbaïdjan.

Alors que la perestroïka permit aux républiques de retrouver plus d’autonomie à la fin des années 80, les arméniens du Haut-Karabagh déclarèrent leur autonomie vis-à-vis de la République d’Azerbaïdjan en 1988, provoquant des violences sur ce territoire. Lorsque l’Azerbaïdjan puis l’Arménie déclarèrent leur indépendance à la fin de l’été 1991, un conflit éclata aussitôt entre les deux pays pour le contrôle du Haut-Karabagh. Un référendum en faveur de l’autonomie fur organisé en 1991 et vit la victoire écrasante des autonomistes. Les autorités azéris refusèrent de céder et le conflit se poursuivit jusqu’en 1994, date à laquelle fut signé un cessez-le-feu. Les parties s’accordèrent pour confier la résolution du conflit au groupe de Minsk, présidé par la France et placé sous l’autorité conjointe des Etats-Unis et de la Russie. Mais aucune solution politique n’émergea.

Le 20 février 2017 fut organisé un nouveau référendum dans le Haut-Karabagh proposant une modification de la constitution de la région autonome. La modification approuvée par 76% de la population établit la naissance de la République d’Artsakh, dirigée par un président avec Stepanakert comme capitale. Cette nouvelle république, enclavée en Azerbaïdjan, n’est pas aujourd’hui reconnue par la communauté internationale et fait l’objet d’un blocus par l’état azéri qui empêche tout vol commercial d’atterrir sur son territoire. Pour plus d’informations sur le Haut-Karabagh ou la République d’Artsakh, je vous renvoie à cet excellent article de GEO.

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Comme dans un effet miroir, le Nakhitchevan majoritairement peuplé d’azéris, proclama, le 20 janvier 1990, son indépendance vis-à-vis de l’Arménie à laquelle il fut rattaché durant la période soviétique. Cette république autonome est sous le contrôle des azéris bien qu’elle soit exclavée, sans voie de communication terrestre avec l’Azerbaïdjan.

Conclusion

Si vous avez eu le courage d’aller jusqu’au bout de cet article, vous comprendrez pourquoi la situation de l’Arménie m’a inspiré le précédent article sur la notion de Nation. Voici un pays issu de la décomposition de l’Union Soviétique qui, mise à part l’éphémère indépendance de 1920-22, n’avait pas eu d’existence politique depuis le XIVème siècle, et encore, existait-il alors sur un territoire dont l’intersection avec ses frontières actuelles est vide. Sur les deux derniers millénaires, l’Arménie a existé en tant qu’Etat durant à peine 500 ans, en périodes morcelées et sur des périmètres géographiques différents. Finalement, c’est la religion chrétienne et la survivance d’une langue écrite arménienne qui a assuré au travers des siècles une continuité au fil ténu, entre ces différentes époques jusqu’à l’Arménie actuelle.

Carte identifiant les capitales historiques de l’Arménie (en bleu), les zones d’exil ou de développement de fortes communautés arméniennes à travers les siècles (croix oranges), et enfin les deux zones de conflit avec l’Azerbaïdjan (étoiles sur fond rouge). L’émigration du XXème siècle notamment l’exil suite au génocide n’est pas ici identifié.

 

Japon, repères historiques (1ère partie) : de la préhistoire à la restauration de l’empire en 1868

Le peuplement du Japon daterait de la dernière période glaciaire, il y a 30.000 ans, lorsque l’archipel était en contact avec le continent. L’apparition des premières poteries (parmi les plus anciennes de l’humanité), entre 14.000 et 13.000 avant JC, marque le début de la période Jōmon, caractérisée par une sédentarisation des populations dont les ressources restent la chasse et la cueillette. Autour de 800 avant JC, débute la période Yayoi qui voit, en particulier, le développement de la riziculture dont les techniques sont importées de Chine.

Durant la période Kofun qui débute au IIIème siècle, le Japon est divisé en royaumes rivaux. La région du Kansai s’impose comme centre politique dans la deuxième moitié du Vème siècle au terme d’un processus d’unification, conduisant à l’identification d’un souverain suprême que l’on peut assimiler à un roi ou à un empereur. Durant cette période, les échanges avec les royaumes de la péninsule coréenne favorisent le développement d’artisanats tels que le tissage de la soie, l’industrie du papier, le travail des métaux…

Le bouddhisme, qui fait sont entrée au Japon au VIème siècle, coïncide avec le début de la période Asuka. L’arrivée de cette nouvelle religion provoque des guerres entre les clans convertis et ceux restés fidèles au shintoïsme. Le trône de l’empereur fait lui-même l’objet de conspirations et de luttes acharnées dont la religion est le prétexte. En 672, le prince Oama devient empereur, sous le nom de Temnu, au prix d’une nouvelle guerre. Il favorise l’installation d’une période de stabilité en affirmant son lien de parenté avec les divinités du shintoïsme tout en permettant le développement du bouddhisme. Il entreprend également des réformes qui renforcent le pouvoir impérial et modernisent l’Etat.

Au VIIIème siècle, l’époque de Nara, est caractérisée par une intense activité culturelle.

A partir du VIIème siècle, le Japon connaît une période de réchauffement climatique qui provoque des famines importantes. Ces crises alimentaires créent une instabilité croissante qui provoque, durant la période Heian (allant du IXème au XIIème siècle), l’affaiblissement du pouvoir impérial et un accroissement de l’insécurité dans tout le royaume. Cette situation conduit à l’émergence d’une classe de combattants issue de la noblesse, les bushi.

Le Moyen-Age japonais s’étend du XIIème au XVIème siècle. Cette période est marquée par la prise du pouvoir par des généraux, shogun en japonais, combattant initialement au nom de l’empereur, mais imposant progressivement leur domination. Le pays connaît une période de profonde division. Ce n’est qu’à la fin du XVIème, que trois seigneurs de guerre qui s’emparent successivement du pouvoir, Oda Nobunaga, Toyotomi Hideyoshi (neveu par alliance du premier) et Tokugawa Ieyasu, conduisent à la réunification du pays.

En 1542, les japonais entrent pour la première fois en contact avec les occidentaux, avec l’arrivée du portugais Fernão Mendes Pinto, dans l’île de Tanegashima. Le commerce entre les deux nations se développe. Les jésuites entreprennent une campagne d’évangélisation dans le sud du pays avec le soutien de seigneurs locaux. Mais le Christianisme vu comme une menace est interdit à la fin du XVIème siècle.

Le shogunat Tokugawa représente une période de stabilité. Il débute en 1603 et se termine en 1868, et correspond à l’époque Edo. Après une courte phase de développement des relations commerciales avec l’étranger, l’édit Sakoku de 1635 consacre une volonté isolationniste. Malgré cela, le pays connaît dans les 3 siècles qui suivent une forte croissance économique et démographique. Mais le XIXème siècle voit les puissances étrangères menacer la souveraineté du Japon et son isolement ne le met pas à l’abri des convoitises. En interne, le pays connaît plusieurs périodes de famine qui accroissent les critiques vis-à-vis du shogun Tokugawa. Celui-ci, considérablement affaibli sur le plan politique, est contraint d’abdiquer fin 1867 et la restauration de l’empire est proclamée le 3 janvier 1868.