Il n’est pas possible de parler de Rio sans évoquer les Favelas. Ces zones urbaines émergées dans les plis de la ville officielle, dans ses faubourgs, sont comme des végétaux parasites qui s’enroulent autour d’un arbre, pénètrent son branchage pour donner l’impression de ne plus faire qu’un seul organisme vivant. Dans les rues de la ville légale, nous avons marché sans jamais être menacés, sans ressentir la violence. Le guide nous montrait les entrées de favelas lorsque nous passions dans le van. Les accès étaient systématiquement sous la surveillance de la police. Une voiture était généralement postée à l’entrée de la favela, mais celle-ci était vide. Les policiers étaient positionnés à l’extérieur de la favela à quelques dizaines de mètres du véhicule, celui-ci pouvant être ciblé par des tirs venus de la favela.

Sur les photos ci-dessous figurent des vues d’ensemble d’une des plus grandes favelas de rio. Imaginez que les plus grandes favelas de Rio dépassent les 100.000 habitants! Le chauffeur du van nous a également dit qu’il ne s’arrêtait pas longtemps, car il était dangereux de stationner ainsi à découvert. La violence n’est pas visible dans les rues de Rio. Elle semble être, pour l’essentiel, canalisée dans les favelas, qui sont des zones interdites aux touristes. Malgré tout, certaines peuvent se visiter avec des guides ; mais même accompagné, aucune visite n’est totalement exempte de risque.

Sur les photos ci-dessus, on voit les favelas qui se sont développées sur les collines alentour ou en marge des habitations officielles. Observer de plus près ces développements urbains est quelque chose de fascinant. Les habitations ont beau être illégales, elles sont construites pour la plupart en dur, c’est-à-dire avec des briques et du ciment. Ce sont les toits qui semblent les plus précaires. La densité est impressionnante. Les maisons sont construites les unes contre les autres, les unes sur les autres. Des immeubles de plusieurs étages se sont développés avec des terrasses qui surplombent d’autres immeubles, d’autres maisons. La densité est telle qu’il semble ne pas exister de rues. Si elles existent, on les imagine tarabiscotées, entrecoupées par des habitations, disparaissant sous des porches, s’interrompant devant des murs, se prolongeant sur des terrasses, tournant tantôt à gauche, tantôt à droite… Cette urbanisation évoque les médinas du Maghreb ou du Moyen-Orient.

Je suis stupéfait de voir les empilements de structure, parfois à flan de falaise. Faut-il que la place manque pour décider de construire sa maison avec des moyens de fortune, juste au-dessus du vide!

Malgré leur illégalité, ces villes voient naître en leur sein des institutions. Voyez ci-dessous cette église qui a vu le jour au milieu de la favela.

Le guide nous disait que ces quartiers se sont organisés pour bénéficier de tous les flux nécessaires au développement de la vie moderne : les réseaux d’eau, l’électricité, la fibre pour Internet… Tout est clandestin, tout est illégal, sous le contrôle des mafias locales.