Étiquette : France

Retour en France

A l’heure où cet article est publié, nous sommes dans l’avion pour la France. Après environ 11 mois de voyage, nous voilà de retour à la maison. J’ai un peu de mal à réaliser. Dans les jours qui viennent, je finirai mon récit de nos derniers jours de voyage à Erevan et Tbilissi, et puis viendra le temps des bilans.

D’ores et déjà, je peux dire que je suis heureux de notre voyage. Les choses se sont passées pour le mieux. Nous avons vu des choses extraordinaires. Nous avons vécu des moments inoubliables. Nous n’avons rencontré quasiment aucun problème tout au long du voyage. Nous n’avons pratiquement jamais été malade. Nous avons dépensé un peu moins que le budget initial. L’aventure était belle. Elle se termine. C’est dans l’ordre des choses. Je suis fier d’avoir accompli ce beau projet et je me sens détendu, serein.

Je sais qu’à Paris, je retrouverai prochainement la famille et les amis. Encore de beaux moments en perspective.

 

Hué, cité impériale

Hué est devenue cité impériale au début du XIXème siècle avec l’avènement de la dynastie Nguyen, qui a transformé son fief historique en capitale du pays. Du fait de sa position centrale, la ville avait l’avantage de symboliser l’unité du pays depuis le nord jusqu’au sud. Sa cité impériale s’est progressivement enrichie de nouvelles constructions tout au long du XIXème siècle. En 1885, l’armée française détruisit une bonne partie de la cité et la dépouilla de tous ses objets de valeur. Les empereurs, dépourvus de leur pouvoir, continuèrent à résider dans la citadelle de Hué.

En 1968, en plein coeur de la guerre du Vietnam, la citadelle fut le siège d’une nouvelle tragédie. Alors que l’armée américaine concentrait ses efforts pour résister à l’offensive du Têt, dans la région de Khe Sanh, à environ 100 km au nord-ouest de Hué, l’armée nord vietnamienne s’empara de la ville de Hué. Durant les 25 jours où elle occupa la ville, elle procéda à une purge terrible faisant plus de 2.500 victimes, parmi les prêtres, fonctionnaires et intellectuels, restés fidèles à la République du Vietnam. Les forces américaines et sud-vietnamiennes répliquèrent en bombardant intensément plusieurs quartiers de la ville et en lâchant du napalm sur la citadelle. Ils reprirent la ville. Plus de 10.000 personnes seraient ainsi mortes à Hué. L’armée nord-vietnamienne ne reconquit Hué que le 25 mars 1975.

La cité impériale est classée au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1993. De nombreux bâtiments ont fait l’objet d’une reconstruction ou d’une rénovation, qui n’est pas achevée à ce jour.

Il est difficile d’imaginer les horreurs dont ces lieux ont été témoins, lorsqu’on déambule aujourd’hui parmi ces bâtiments majestueux et ces jardins paisibles.


 

Une nouvelle phase du voyage, un regard sur la France

Depuis quelques semaines, j’ai l’impression d’être passé dans une nouvelle phase de notre voyage. Maintenant, nous commençons à bien maîtriser tous les aspects du voyage : transports en avion, en bus, en train ou en bateau ; location de véhicules ; gestion des logements en location ou en hôtels ; courses alimentaires ou restaurants ; visites et promenades ; cours des filles ; faire les bagages, les défaire et les refaire ; gestion des devises…

Pourtant, être nomade n’est pas quelque chose d’évident quand on a été sédentaire toute sa vie. Chaque changement est source de stress. Quitter un lieu que l’on connaît, où on a ses marques, ses habitudes, pour se rendre dans un nouveau lieu que l’on ne connaît pas est inquiétant. Chacun connaît cette appréhension face à l’inconnu. Rendre un véhicule de location c’est craindre que le loueur nous impute une réparation indue. Découvrir une nouvelle chambre d’hôtel ou une nouvelle location c’est possiblement être déçu. Voyager, quelque soit le moyen de transport, c’est courir le risque de rencontrer des imprévus : un avion en retard, une grève qui bloque une route (!), une correspondance manquée, une erreur d’horaire, un bagage perdu… Voyager, c’est parfois prendre le risque de se faire voler. Le voyageur est en situation de faiblesse : il a tout avec lui, il est encombré avec ses bagages, il ne peut pas courir, il n’a pas de protection, il a éventuellement de l’argent liquide ou des objets de valeur… Le voyageur évolue dans des environnements inconnus, des lieux où il ne maîtrise pas la langue, où il ne connaît pas les codes et les habitudes…

Quand on part en voyage pour une longue durée, on apprend progressivement à se détacher de ces petites inquiétudes du quotidien. On apprend à les dominer et à prendre les événements qui viennent avec davantage de détachement.

Aujourd’hui, après 4 mois de voyage, mon esprit est de moins en moins occupé par ces aspects matériels. Bien sûr, je continue d’y penser pour anticiper et faire que les choses se passent au mieux. Mais la pratique aidant, tout va plus vite et tout semble plus fluide. Cela me permet de profiter encore plus du plaisir de la découverte. Et je dois dire que nous avons été gâtés. Depuis notre départ de Paris, j’ai l’impression de rencontrer beaucoup de gens bienveillants, accueillants, agréables. Et pourtant, en de nombreux lieux, la pauvreté est présente. Malgré cela, les femmes et les hommes que nous rencontrons, dans leur immense majorité, semblent heureux de vivre, tout simplement. Cela fait du bien.

J’entre dans une nouvelle phase du voyage, qui me laisse du temps pour réfléchir également. Mettre sa vie professionnelle entre parenthèses pendant un an n’est pas rien. C’est une chance. C’est une occasion également de réfléchir à la situation du Monde. Je pense que j’aurais l’occasion d’en reparler prochainement. Disons simplement que je trouve notre Monde inquiétant. La situation écologique est catastrophique. Voyager me donne l’occasion de voir la beauté de la nature et exacerbe mon inquiétude. Voyager me permet également de comparer la situation de la France avec les autres pays. Et je me dis que l’on ne mesure pas la chance que nous avons.

J’ai gardé mon abonnement électronique au journal Le Monde. Je suis également abonné au news de France Info. Cela me permet de lire les nouvelles sur la France et le Monde. Je suis effaré de la situation en France. Je sens que la République est menacée. Nous vivons des moments dangereux. Je pense que chacun doit bien mesurer le risque réel et agir avec responsabilité, dans ses propos et dans ses actes. Le temps n’est pas à la désinvolture, à la dérision ou à la complaisance. Le Monde est de plus en plus instable du fait du dérèglement climatique et des crises qui en découlent. La priorité doit être la solidarité, l’écoute, le respect, la responsabilité. Si la société française ne retrouve pas le chemin de la cohésion nationale, la France sera balayée par le vent de l’Histoire et s’effondrera. Et cela n’est pas la responsabilité d’un homme, mais de chacun.