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Japon, repères historiques (2ème partie) : de l’époque Meiji à la fin de l’occupation américaine

L’empereur Meiji accède au trône en janvier 1868. Le début de l’ère Meiji est proclamé en octobre 1868. Mais les partisans de l’ancien régime, le shogunat Tokugawa, prennent les armes et ne sont soumis militairement qu’en 1869. Cependant, dès 1868, le nouvel empereur entreprend une grande modernisation du pays, fortement inspirée des modèles occidentaux et reposant sur une plus grande centralisation de l’Etat. Une constitution est adoptée le 11 février 1889, donnant un pouvoir important à l’empereur, et qui restera en vigueur jusqu’en 1947. Le Japon connaît une forte croissance économique et démographique jusqu’en 1915 (la population passe de 30 à 50 millions d’habitants en moins de 50 ans). Les conditions de travail extrêmement difficiles dans l’industrie conduisent à la diffusion d’idées socialistes venues d’Europe et à l’émergence de premières règles pour limiter le travail. Ainsi en 1911, l’âge minimum pour travailler est fixé à 12 ans et la durée du travail journalier est bornée à 10 heures pour les femmes et les enfants.

L’ère Meiji est également marquée par deux succès militaires importants du Japon qui consacre son ambition impérialiste. La première est le résultat d’une guerre menée contre la Chine entre 1894 et 1895 et ayant pour enjeu la Corée, état vassal de la Chine. La victoire japonaise conduit à la signature du traité de Shimonoseki qui prévoit l’abandon de la suzeraineté chinoise sur la Corée, placée sous protection japonaise, et la cession de la Chine au Japon d’un certain nombre d’îles, la plus importante étant Formose (aujourd’hui Taïwan). Taïwan puis la Corée sont transformées en colonies respectivement en 1905 et 1910. Le second succès japonais est obtenu face aux russes en 1905 dans le cadre d’une guerre débutée un an plus tôt et ayant pour enjeu le contrôle de la Mandchourie. Il permet au Japon d’occuper la moitié sud de l’île de Sakhaline. Durant la première guerre mondiale, le Japon se range aux côtés des alliés et prend possession des territoires allemands dans le Shandong (Chine continentale). A la fin de la guerre, les revendications japonaises sur le Shandong sont confirmées dans le Traité de Versailles, malgré l’opposition chinoise.

L’empereur Meiji meurt en 1912. L’empereur Taisho lui succède marquant le début de l’ère du même nom. Taisho souffre d’une maladie cérébrale, liée aux séquelles d’une méningite contractée quelques semaines après sa naissance. Il s’avère dans l’incapacité de gérer les affaires de l’Etat. Le pouvoir se déplace vers le parlement du Japon, la Diète. Cette ère est caractérisée par un renforcement de la démocratie et un fort développement économique. Taisho meurt le 25 décembre 1926.

L’empereur Showa (Hirohito) lui succède. Après la crise internationale de 1929, un mouvement nationaliste radical émerge au Japon. Il est favorisé par le prestige que l’armée tire de ses victoires passées et présentes. Dès 1931, le Japon envahit la Mandchourie. En 1932, le Japon y crée l’Etat fantoche du Mandchoukouo. En janvier 1932, le Japon prend possession de Shanghai. Finalement, le 15 mai 1932, les militaires prennent le pouvoir en assassinant le premier ministre japonais, Inukai Tsuyoshi, mettant ainsi fin au régime démocratique qui avait émergé après la première guerre mondiale. Le Japon quitte la Société des Nations en 1933. En novembre 1936, le Japon signe le pacte anti-Komintern avec l’Allemagne hitlérienne. Une nouvelle phase d’expansion en Chine débute en juillet 1937, donnant lieu à des massacres de population, notamment à Nanjing où 200.000 chinois sont exécutés. La population japonaise est opposée au conflit et n’est pas informée des exactions commises par son armée. Au Japon, la répression vis-à-vis des opposants politiques s’intensifie. En 1938, les militaires ambitionnent d’étendre leur possession au nord et attaquent la Russie. Ils subissent des revers qui arrêtent l’expansion au nord. Le Japon signe finalement le 13 avril 1941, un pacte de non agression avec la Russie. Le début des conflits en Europe et les premières victoires allemandes, affaiblissent les puissances européennes en Asie. Le Japon en profite dès 1940 pour tenter une expansion de son empire au sud. Le Tonkin est attaqué en septembre 1940, puis envahi. Le sud de l’Indochine française est à son tour envahie en 1941. Les Etats-Unis décident d’imposer un embargo sur le pétrole exporté vers le Japon pour asphyxier le pays. Se sentant menacés, les japonais attaquent simultanément les américains à Pearl Harbor et les britanniques en Malaisie, provoquant l’entrée en guerre des Etats-Unis dans le conflit mondial. Les japonais envahissent dans la foulée les Philippines, Hong Kong, Guam, les Indes orientales néerlandaises, la Birmanie. Leur progression est toutefois arrêtée au milieu de l’année 1942 et à partir de la bataille de Guadalcanal en février 1943, les japonais sont contraints de mener une guerre défensive. La reconquête américaine est inexorable mais lourde en pertes humaines. En juin 1945, les américains conquièrent l’île d’Okinawa. Un plan d’invasion du Japon est envisagé. Mais il est finalement décidé d’utiliser l’arme nucléaire, nouvellement conçue, pour accélérer la reddition japonaise. Hiroshima est bombardée le 6 août 1945 après un ultimatum resté sans réponse. Nagasaki est bombardée le 9 août 1945. Selon l’origine des chiffres entre 100.000 et 300.000 personnes seraient mortes suite à ces deux bombardements, auxquelles il faut ajouter les personnes irradiées pouvant être décédées plus tard. Le 9 août, les soviétiques envahissent la Mandchourie. Dès le 10 août, Hirohito annonce à ses proches sa décision d’accepter la capitulation. Il fait une allocution au peuple japonais le 14 août et émet le 17 août un édit ordonnant aux soldats de déposer les armes. La reddition est signée le 2 septembre. Le pays sort exsangue de la seconde guerre mondiale.

Entre 1945 et 1952, le Japon vit sous occupation américaine. Les Etats-Unis se portent d’emblée garants du retour à la démocratie. Les femmes obtiennent le droit de vote (rappelons que les femmes ont voté pour la première fois en France seulement en octobre 1945). Des élections législatives sont organisées en avril 1946 permettant un grand renouvellement de la classe politique. Une nouvelle constitution entre en vigueur en 1947. Les Etats-Unis aux prises avec la guerre froide, font du redressement économique du Japon une priorité. Le 8 septembre 1951, le Japon signe le traité de San Francisco par lequel il reconnaît l’indépendance de plusieurs pays d’Asie et affirme renoncer à toute revendication territoriale. Ce traité prévoit également la fin de l’occupation américaine. 48 pays, principalement parmi les vainqueurs de la seconde guerre mondiale, ratifient ce traité. La Chine signe un traité de paix séparé en 1952.

 

Histoire du Vietnam, repères

Avant de parler des sites que nous avons visités, il m’a semblé utile de parler brièvement de l’histoire du Vietnam pour donner quelques clés de lecture (sources : Wikipedia, Lonely Planet).

Selon les récits légendaires, la nation vietnamienne serait née en 2877 avant JC sur le territoire de l’actuelle ville de Canton, en Chine. Les viets, aussi appelés kinhs, se seraient installés dans le delta du fleuve rouge (région d’Hanoi), et y auraient bâti le royaume de Van Lang. A partir du IIIème avant JC, les chinois, vainqueurs des viets, assoient leur domination sur la région pour près de 1000 ans. Sous la dynastie chinoise des Tang, le pays est un protectorat désigné sous le nom d’Annam, le « Sud pacifié », nom qui servira longtemps à le désigner en Occident. La chute de la dynastie Tang au Xème siècle en Chine et l’effritement du pouvoir central qui s’en suit, permettent l’émergence du royaume indépendant de Dai Viet (le « Grand Viet »), qui continue cependant de verser un tribut à la Chine.

Du Ier au VIème siècle, le sud du Vietnam fait partie du royaume hindouiste de Funan, dont la capitale est Angkor Borei (à environ 50 km au sud de l’actuelle Phnom Penh), considérée comme le berceau de la civilisation khmer.

A la fin du IIème siècle, le royaume hindouiste de Champa émerge dans l’actuelle région centre du Vietnam (autour de Danang). Celui-ci s’étend progressivement vers le sud, dans les siècles qui suivent.

La carte ci-dessous montre l’organisation des royaumes en Asie du sud-est au XIVème siècle.

Au cours des siècles suivants, les viets poursuivent leur marche vers le sud (Nam Tien) en anéantissant le royaume de Champa et en gagnant des territoires au dépens de l’empire Khmer. Entre le milieu du XVIe siècle et la fin du XVIIIe siècle, le pays est politiquement divisé en deux familles rivales, les Trịnh au Nord et les Nguyen au Sud, tandis que les empereurs de la dynastie Lê ne conservent qu’un pouvoir symbolique. Au début du XIXème, la famille Nguyen s’impose avec l’aide de la France et fonde une nouvelle dynastie impériale. Le pays prend le nom de Việt Nam tout en continuant de reconnaître la Chine comme puissance suzeraine.

Au milieu du XIXème siècle, la situation entre la France et le Vietnam devient conflictuelle et conduit à l’invasion du sud du pays par l’armée du Second Empire, en 1858. La France l’annexe pour en faire la colonie de Cochinchine. Entre 1881 et 1885, la France cherche à étendre sa domination sur le nord du pays et provoque une entrée en guerre de la Chine. Le conflit sera remporté par la France et aboutira à la création d’un protectorat organisé en deux régions : l’Annam au centre du pays, le Tonkin au nord du pays. En 1887, la France réunit les 3 régions vietnamiennes et le Cambodge en créant l’Indochine française.

Dans les années 1930, le Parti communiste indochinois, dirigé par Nguyen Aï Quoc, futur Hô Chi Minh, organise des insurrections, durement réprimées. Le Japon envahit l’Indochine française en 1940 et l’occupe jusqu’en 1945. En août 1945, le front nationaliste Viet Minh, dirigé par le Parti Communiste d’Hô Chi Minh s’empare du pouvoir. Les français de leur côté reprennent progressivement le contrôle de l’Indochine. Les tentatives de négociations entre les deux parties échouent et aboutissent à la guerre d’Indochine en 1946. Soutenu par la Chine, le Viet Minh prend l’avantage. Suite à la défaite de la France lors de la bataille de Dien Bien Phu, le 7 mai de 1954, les deux parties signent les accords de Genève reconnaissant l’indépendance du nord Vietnam (République Démocratique du Vietnam) et prévoyant l’organisation d’un référendum dans le sud Vietnam pour la réunification du pays. Le premier ministre du sud Vietnam refuse l’organisation du référendum et proclame la naissance de la République du Vietnam. Les américains qui veulent endiguer la progression du communisme, se substituent aux français en tant que protecteurs du sud Vietnam. Ils interviennent militairement à partir de 1964. Après des années d’un conflit sanguinaire et sans espoir de victoire, les américains finissent par se retirer du pays en 1973. L’armée du sud Vietnam n’est plus en mesure d’arrêter la progression de l’armée du Vietnam nord. Saigon tombe le 30 avril 1975 et est rebaptisée Hô Chi Minh Ville. Le pays est réunifié en 1976.

Pour résister aux tentations impériales de la Chine, le Vietnam se rapproche de la Russie. A partir de la seconde moitié des années 80, le Vietnam entame sa propre perestroïka, le Doi moi. Si l’économie se libéralise progressivement permettant au Vietnam de devenir un pays dynamique dans la région, son système politique continue de reposer sur le principe du parti unique (Parti Communiste Vietnamien).