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Autres monuments de Phnom Penh

Les monuments d’une ville racontent son histoire. Ci-dessous vous trouverez des images…

  • des deux principaux temples bouddhistes (le Bouddhisme est religion d’Etat et constitue l’une des bases culturelles du pays),
  • du monument de l’Indépendance (acquise en 1953),
  • du monument en l’honneur de l’amitié entre le Cambodge et le Vietnam (rappelons que les vietnamiens ont chassés les khmers rouges du pouvoir en 1979 et ont mis le pays sous tutelle durant la décennie des années 80 ; vous remarquerez le style martial et communiste du monument),
  • du monument en l’honneur de Norodom Sihanouk.

La dernière photo de cet article montre la garde en charge de la surveillance du monument en l’honneur de Norodom Sihanouk. L’attitude de ces jeunes soldats manque pour le moins de tenue et traduit une désinvolture qui est un peu à l’image du pays. Ils semblent avoir perdu leurs repères entre une histoire tragique et une modernité qui progresse inexorablement et de manière désordonnée.


Wat Phnom, temple bouddhiste
(notez sur les photos du haut, les nâgas, divinités de l’hindouisme et du bouddhisme, incarnés par des serpents, habitants le monde souterrain et gardiens des trésors de la Terre)


Wat Ounalom, temple bouddhiste


Monument de l’Indépendance


Monument de l’amitié entre le Cambodge et le Vietnam


Monument en l’honneur de Norodom Sihanouk

 

Phnom Penh

Phnom Penh compte environ 1,5 millions d’habitants. La capitale du Cambodge est située au confluent des rivières Tonlé Sap et Bassac et du fleuve Mékong, lui-même divisé en deux bras un peu en amont de la ville. Quand on regarde une carte, on a ainsi l’impression que 4 rivières se rejoignent sur les rives de Phnom Penh.

Phnom Penh - situation

J’en profite pour ouvrir une parenthèse au sujet du Mékong qui est un fleuve très important pour l’Asie du Sud-Est. Il naît dans l’Himalaya, quelque part dans la province du Qinghai en Chine. Le lieu où il prend sa source n’est pas connu avec précision, car il naît de la convergence de plusieurs cours d’eau, situés dans une région difficile d’accès. Plus de la moitié du fleuve coule en Chine où il porte le nom de « fleuve turbulent » (Láncâng Jiâng), à partir de Qamdo au Tibet, en raison de ses gorges et précipices. Le fleuve forme ensuite sur 200 km, la frontière entre la Birmanie et le Laos, puis la frontière entre le nord de la Thaïlande et le Laos, traverse une partie du Laos en passant par Luang Prabang, forme de nouveau la frontière entre la Thaïlande et le Laos en passant notamment par Vientiane la capitale du Laos, repasse de nouveau au Laos en traversant Paksé, passe enfin au Cambodge par Phnom Penh avant d’arriver au Vietnam et de déboucher sur la mer de Chine en constituant un delta. Ce sont ainsi 6 pays qui sont liés à la course du Mékong. Mais la navigation étant difficile sur la majeure partie du fleuve, il a davantage contribué à diviser les populations et constitué une frontière naturelle, plutôt qu’il n’a favorisé les échanges commerciaux.

Bien que capitale depuis le XVème siècle, la ville de Phnom Penh commença à se développer réellement que dans la seconde moitié du XIXème siècle, après la construction du palais royal (1866) et sous l’impulsion des colonisateurs français. A partir des années 20 et jusque dans les années 70 la ville fut connue comme la « perle d’Asie ». En 1975, la ville comptait environ 2 millions d’habitants. Mais Lorsqu’elle tomba aux mains des khmers rouges, le 17 avril, elle fut vidée de ses habitants et abandonnée. Cet abandon dura jusqu’à ce que les khmers rouges fussent à leur tour chassés de la ville par les vietnamiens, le 7 janvier 1979. Plus de 80% des habitants avaient péri sous le régime des khmers rouges du fait des persécutions et des famines. Phnom Penh se repeupla progressivement et connut une réelle reconstruction à partir des années 90, grâce aux aides internationales et aux investissements étrangers.

Lorsque l’on découvre Phnom Penh aujourd’hui, il est difficile d’imaginer le passé faste que la ville a connu. La ville souffre d’un manque évident d’infrastructures. Par exemple, je n’ai pas mémoire d’avoir vu un seul feu rouge dans toute la ville. Les tuk-tuk continuent de constituer un moyen de transport très répandu. La ville compte un nombre incroyable de chantiers de construction mais beaucoup d’entre eux semblent avoir été interrompus avant la fin, probablement faute de financements suffisants. La ville est jonchée de poubelles plus ou moins sauvages qui ne semblent pas faire l’objet d’un ramassage ordonné et régulier, générant des odeurs nauséabondes rendues encore plus insupportables par la chaleur suffocante et la pollution.

La ville n’est pas agréable. Par ailleurs, son patrimoine architectural est plutôt modeste. Son palais royal et ses quelques temples font pâle figure à côté des merveilles de Bangkok ou de Chiang Mai. Son musée archéologique, vétuste et sans climatisation, est sans commune mesure avec le musée de Siem Reap.

Pour couronner le tout, l’appartement où nous avons séjourné était sale et dégageait une odeur de cigarette profondément incrustée.

Si j’ajoute à cela le fait que les cambodgiens ne décrochent jamais un sourire et sont tout juste polis, vous comprendrez que nous ne garderons pas un bon souvenir de la capitale cambodgienne.

 

Quelques mots sur l’histoire du Cambodge

Après sa chute face aux thaïs du Royaume d’Ayutthaya en 1431, Angkor perd son statut de capital au profit de Phnom Penh. L’empire Khmer disparaît et laisse la place à un petit pays dominé par ses voisins.

En 1863, le Cambodge passe sous protectorat français. Il est par la suite intégré à l’Indochine française. Le pays acquiert son indépendance le 9 novembre 1953 à la fin de la guerre d’Indochine.

Devenu monarchie constitutionnelle sous le règne de Norodom Sihanouk, qui accéda au trône en 1947, le pays est un temps neutre dans le conflit vietnamien. Toutefois à partir de 1966, le Cambodge apporte un soutien logistique aux combattants nord-vietnamiens en autorisant le transit de matériel et de troupes sur son territoire. Mais en 1967, Norodom Sihanouk voit naître sur son territoire une insurrection menée par les khmers rouges, communistes d’inspiration maoïste. Il confie la direction du gouvernement au militaire Lon Nol et sollicite l’aide américaine pour résister à l’insurrection des khmers rouges. En 1970, Lon Nol profite d’un déplacement de Norodom Sihanouk à l’étranger pour le renverser. Les américains soutiennent le nouveau pouvoir dans le cadre de la stratégie d’endiguement du communisme. Avec le soutien des américains, Lon Nol parvient à contenir la progression des khmers rouges au prix d’une guerre faisant 600.000 à 800.000 morts. Mais le retrait des américains dans la région est fatal au régime en place et les khmers rouges de Pol Pot s’emparent de Phnom Penh le 17 avril 1975. Ils instaurent une dictature militaire.

Le régime des khmers rouges vide les villes de leurs habitants et les envoient dans les campagnes dans un objectif de « rééducation ». Les élites sont systématiquement traquées, déportées ou exterminées. Le simple fait de parler une langue étrangère ou de porter des lunettes est un danger. Le régime est particulièrement sanguinaire. 1,7 millions de personnes seraient mortes durant la période des khmers rouges, du fait des persécutions ou des famines.

Inquiet de la dérive de son voisin, le Vietnam envahit le Cambodge le 25 décembre 1978 et détruit les rizières, entraînant la chute du régime. Il instaure un régime communiste proche de celui qui existe alors au Vietnam. Une guérilla soutenue par la Thaïlande s’engage alors. Elle durera tout au long des années 80 ravageant le pays, disséminant d’innombrables mines, causant des périodes de famines, d’épidémies dans un pays ruiné et sans ressources.

En 1989, les troupes vietnamiennes quittent le pays et laissent la place à des soldats de l’ONU. Le pays retrouve progressivement une certaine autonomie. Norodom Sihanouk revenu d’exil, devient de nouveau roi en 1993 avant d’abdiquer en 2004 au profit de son fils, Norodom Sihamoni. Nommé premier ministre dès 1985, avec le soutien des vietnamiens, Hun Sen perd les élections en 1993, mais parvient à se maintenir proche du pouvoir. Il reprend le pouvoir par la force en 1997, avant de se faire élire premier ministre en 1998. Le PPC (Parti du peuple cambodgien), ancien parti communiste du Cambodge a depuis remporté toutes les élections, garantissant le maintien au pouvoir de Hun Sen. Celui-ci est accusé d’avoir instauré un régime autoritaire. Néanmoins, la période de stabilité que connaît le pays depuis 20 ans, attirent les investisseurs. Entre 1998 et 2007, la croissance annuelle moyenne du PIB est d’environ 10%. 3 ans après la crise de 2008, le Cambodge retrouve une croissance annuelle supérieure à 7% qui se maintient depuis.