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Monument Valley

J’ai vu Monument Valley il y a plus de 25 ans. J’étais alors avec mes parents et mon frère. Je me souviens avoir été ébloui en découvrant ce lieu extraordinaire. Le revoir était quelque chose que j’attendais avec fébrilité. Le faire découvrir à Elise et aux filles, dans les meilleures conditions était quelque chose d’important.

Lorsque nous étions venus avec mes parents nous avions une berline classique. Or contrairement aux parcs nationaux américains, il n’y a pas de route à Monument Valley. Seule une piste, tantôt caillouteuse, tantôt sableuse, permet de circuler dans la vallée et d’aller d’un point de vue à l’autre. Je me souviens des difficultés que mon père avait eu, il y a 25 ans, pour suivre le chemin, et, l’inquiétude d’une éventuelle crevaison en plein désert. Il me semble d’ailleurs que nous avions renoncé à emprunter certaines parties trop accidentées. Aujourd’hui, je me dis que l’absence de route et la difficulté d’accès contribuent largement à la puissance onirique du lieu.

Cette fois-ci, nous avons envisagé de louer un 4×4 pour traverser l’ouest américain. Mais devant le surcoût d’environ 1000 €, pour une location de 5 semaines, nous avons renoncé. Ceci étant, je tenais à disposer d’un 4×4 pour traverser Monument Valley. Aussi, avons-nous renoncé à dormir à proximité du site pour pouvoir en louer un, à un prix raisonnable, le temps d’une journée. Cortez, où nous dormons, est situé à 2 heures de route de Monument Valley, ce qui fait 4 heures de route aller-retour. Qu’à cela ne tienne… le spectacle méritait ce voyage d’une journée, selon moi.

La seule compagnie de location de voiture qui semble installée à Cortez est Hertz (désolé pour la publicité!). L’agence est installée à l’aéroport de la ville.

Le matin de notre visite à Monument Valley, nous nous sommes donc rendu à l’aéroport avec notre berline que nous avons laissée gratuitement sur le parking, le temps d’une journée. L’aéroport de Cortez est si petit qu’il ressemble davantage à un aérodrome. Pourtant il assure des connexions régulières vers Denver. L’aérogare est à peine plus grande que le hall de l’hôtel du coin. Lorsque nous arrivons au comptoir de la location de voiture, un monsieur, pas tout jeune, chemise à carreaux, Stetson sur la tête, une belle barbe blanche, l’oeil goguenard et avec un accent rocailleux, nous attend. Fort aimable, il me remet le contrat et les clés de la voiture. Il s’agit d’une Nissan Armada blanche. Nous sommes tous les 4 impressionnés par la taille de la voiture, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur. C’est la première fois que je conduis une telle voiture. Un vrai plaisir! C’est résistant, puissant mais ça se conduit avec la même facilité qu’une petite voiture… du moins sur des routes suffisamment larges! Conduire un tel véhicule à Paris serait vraiment compliqué.

Nous voilà partis pour Monument Valley…

Ce parc se trouve sur les terres des Navajos. La réserve Navajo mesure 60.000 km2 et est la plus grande réserve amérindienne. Elle s’étend sur 4 états différents : l’Utah, l’Arizona, le Colorado, le Nouveau Mexique. Les Navajos seraient plus de 350.000 aux Etats-Unis. Les terres qu’ils occupent sont très arides et même désertiques. Il semble que leur économie repose un peu sur l’élevage et beaucoup sur le tourisme. Ce sont eux qui exploitent Monument Valley.

Après plus d’une heure et demi de route, les pitons rocheux sont en vue. Le paysage est déjà magnifique autour de nous. La route se poursuit encore longtemps avant d’approcher les pitons rocheux qui se dessinent à l’horizon. Et puis nous arrivons à l’entrée du parc. Le soleil et les nuages se livrent une bataille dans le ciel. La lumière change de seconde en seconde lorsque nous découvrons le panorama principal. Nous sommes immédiatement plongés dans le paysage épique et sauvage de Monument Valley.

Je retrouve la même émotion qu’il y a 25 ans. Et même encore plus. Je sens que mes yeux sont embués d’émotion devant un tel spectacle. Un sentiment de plénitude m’envahit. Monument Valley est définitivement l’une des plus belles choses qu’il m’ait été donné de voir.

Après de longues minutes de contemplation, d’admiration, d’émotion, nous prenons la voiture pour descendre la piste qui fait une boucle de 27 km dans la vallée. Nous sommes secoués, mais nous rions beaucoup. Les filles s’amusent beaucoup des soubresauts de la voiture, des nuages de sables dans lesquels nous nous perdons, des virages chaotiques… A chaque point de vue répertorié par les indiens (il y en a 17), je descends faire des photos. Nous marchons un peu pour admirer le paysage. Alice adore basculer dans le coffre, si immense qu’elle peut tenir assise sans difficulté.

Nous passons trois heures dans la vallée, avançant doucement, profitant de chaque instant. En fin de parcours, les nuages se font plus menaçants, les vents de poussière plus réguliers, les touristes plus rares. Le soleil décline. Finalement, nous sommes revenus à l’entrée du parc quand le soleil est à l’horizon baignant Monument Valley d’une lumière aux reflets roses et orangés.

Je me suis perdu dans ces paysages oniriques. Je me suis retrouvé.

2018-08-29 - Crazy Horse-6

Indienne Lakota en habits traditionnels, South Dakota

 

Crazy Horse Memorial

Le Crazy Horse Memorial est une réponse des amérindiens de la tribu des Lakota (Sioux) au monument du Mont Rushmore. Pour rappel, Crazy Horse avait coalisé Sioux, Cheyennes et Arapahos pour vaincre Custer à la bataille de Little Bighorn, en 1876.

Il s’agit d’une oeuvre en cours de réalisation dont la conception a été réalisée par le sculpteur américain Korczak Ziółkowski. Le projet ne bénéficie d’aucun financement public, le sculpteur ayant rejeté à deux reprises les propositions de financements faites par le gouvernement fédéral des Etats-Unis, de crainte d’un dévoiement du projet. Seules les donations privées et les recettes générées par l’exploitation du site financent le projet.

Le projet défie l’entendement par ses dimensions extraordinaires. L’oeuvre finale représentera le chef Sioux sur son cheval. Elle devrait être haute de 172 m et longue de 195 m. La tête à elle seule mesure 27 m de haut contre 18 m aux têtes de présidents. Il s’agit bien d’une sculpture à l’image de celle du Mont Rushmore, c’est-à-dire qu’aucun matériau extérieur ne sera utilisé : toute l’oeuvre sera réalisée par excavation.

Les travaux ont commencé en 1948 et aujourd’hui seule la tête est achevée. Les formes du corps et du cheval sont à peine dégrossies.

Malgré ses dimensions titanesques, le site ne dégage pas la même magie que le Mont Rushmore, probablement parce qu’il s’agit d’un chantier et que cela brise le charme. Bien sûr c’est intéressant à visiter et le visage de Crazy Horse est impressionnant. Mais vous noterez que son visage exprime une froideur et même une colère, qu’il effraie davantage qu’il ne fascine.

Le sculpteur est décédé en 1982, sans même voir le visage de la sculpture. La date d’achèvement du projet est inconnue. Les travaux avancent à mesure que les fonds sont disponibles. Quand nous avons visité le site, il semblait n’y avoir que quelques ouvriers (on les distingue sur la photo rapprochée du visage). Imaginez la situation de ces ouvriers qui travailleront peut-être tout une vie sur ce chantier sans jamais le voir achevé. Ce projet a quelque chose de complètement fou. Il m’a rappelé combien une vie humaine est courte.

Ci-dessous, la sculpture de Korczak Ziółkowski avec la montagne en arrière plan.

Vous trouverez ici le lien vers le site officiel du projet pour plus d’informations.