Étiquette : Photographie

Horseshoe Bend, côté pile

Dans l’ensemble, les parcs américains sont encore très fréquentés au mois de septembre. Mais rarement, nous avons rencontré une telle densité de touristes sur un site. Probablement, est-ce dû au fait qu’Horseshoe Bend est un site facile d’accès et très photogénique. Au-delà du spectacle merveilleux qu’offre la nature en ce lieu. Il est un autre spectacle étonnant ; celui des touristes qui se prennent en photo devant ce lacet du Colorado. Beaucoup de perches à selfie, beaucoup de positions extravagantes… Le centre de la photo n’est plus le site que l’on est venu visiter, mais la personne, le site n’étant plus qu’un décor. Je ne sais que penser de ce besoin de se prendre en photo ainsi devant chaque endroit visité. Est-ce simplement pour montrer qu’on y était? Est-ce pour se souvenir de ce moment? Est-ce pour se rassurer sur le fait que l’on est vivant? Et pourquoi tant de poses extravagantes? J’ai l’impression qu’elles tournent en dérision toute chose. Est-ce que mon habitude de prendre des photos sans personne a plus de sens? N’est-ce pas aussi dérisoire?

10 Dundas East, Toronto

Un soir, nous nous sommes rendus dans un quartier du centre de Toronto qui ressemble fortement à Times Square avec ses écrans où défilent les publicités, ses enseignes lumineuses, ses prêcheurs de rue, ses musiciens, ses spectacles de rue, ses habitants affairés ou paumés, son fracas, ses magasins où des personnes entrent et sortent en permanence.

J’aime ces lieux où tout le Monde se rencontre, où on sent une tension, une vibration, une violence latente, mais où les familles circulent sans crainte apparente. Finalement, c’est un sentiment proche de celui que j’éprouve quand je déambule sur le plancher de verre de la tour CN : une certaine excitation qui éveille mes sens et me donne le sentiment de vivre plus intensément. Curieusement, cette impression peut naître de la contemplation de la Nature ou en s’immergeant dans le tumulte d’une ville moderne.

Je parle d’éveil, d’hyper-conscience, mais j’aurais pu parler d’ivresse ou d’extase. Quand rêve et réalité se mêlent et nous révèlent la beauté du Monde qui nous entoure… En ces instants, je pourrai tout simplement pleurer car l’émotion atteint son paroxysme. J’ai le sentiment que les autres ne voient pas ce que je vois. Les photos que je fais ont pour but principal de fixer ces instants et de montrer ce que je vois.