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Japon, repères historiques (1ère partie) : de la préhistoire à la restauration de l’empire en 1868

Le peuplement du Japon daterait de la dernière période glaciaire, il y a 30.000 ans, lorsque l’archipel était en contact avec le continent. L’apparition des premières poteries (parmi les plus anciennes de l’humanité), entre 14.000 et 13.000 avant JC, marque le début de la période Jōmon, caractérisée par une sédentarisation des populations dont les ressources restent la chasse et la cueillette. Autour de 800 avant JC, débute la période Yayoi qui voit, en particulier, le développement de la riziculture dont les techniques sont importées de Chine.

Durant la période Kofun qui débute au IIIème siècle, le Japon est divisé en royaumes rivaux. La région du Kansai s’impose comme centre politique dans la deuxième moitié du Vème siècle au terme d’un processus d’unification, conduisant à l’identification d’un souverain suprême que l’on peut assimiler à un roi ou à un empereur. Durant cette période, les échanges avec les royaumes de la péninsule coréenne favorisent le développement d’artisanats tels que le tissage de la soie, l’industrie du papier, le travail des métaux…

Le bouddhisme, qui fait sont entrée au Japon au VIème siècle, coïncide avec le début de la période Asuka. L’arrivée de cette nouvelle religion provoque des guerres entre les clans convertis et ceux restés fidèles au shintoïsme. Le trône de l’empereur fait lui-même l’objet de conspirations et de luttes acharnées dont la religion est le prétexte. En 672, le prince Oama devient empereur, sous le nom de Temnu, au prix d’une nouvelle guerre. Il favorise l’installation d’une période de stabilité en affirmant son lien de parenté avec les divinités du shintoïsme tout en permettant le développement du bouddhisme. Il entreprend également des réformes qui renforcent le pouvoir impérial et modernisent l’Etat.

Au VIIIème siècle, l’époque de Nara, est caractérisée par une intense activité culturelle.

A partir du VIIème siècle, le Japon connaît une période de réchauffement climatique qui provoque des famines importantes. Ces crises alimentaires créent une instabilité croissante qui provoque, durant la période Heian (allant du IXème au XIIème siècle), l’affaiblissement du pouvoir impérial et un accroissement de l’insécurité dans tout le royaume. Cette situation conduit à l’émergence d’une classe de combattants issue de la noblesse, les bushi.

Le Moyen-Age japonais s’étend du XIIème au XVIème siècle. Cette période est marquée par la prise du pouvoir par des généraux, shogun en japonais, combattant initialement au nom de l’empereur, mais imposant progressivement leur domination. Le pays connaît une période de profonde division. Ce n’est qu’à la fin du XVIème, que trois seigneurs de guerre qui s’emparent successivement du pouvoir, Oda Nobunaga, Toyotomi Hideyoshi (neveu par alliance du premier) et Tokugawa Ieyasu, conduisent à la réunification du pays.

En 1542, les japonais entrent pour la première fois en contact avec les occidentaux, avec l’arrivée du portugais Fernão Mendes Pinto, dans l’île de Tanegashima. Le commerce entre les deux nations se développe. Les jésuites entreprennent une campagne d’évangélisation dans le sud du pays avec le soutien de seigneurs locaux. Mais le Christianisme vu comme une menace est interdit à la fin du XVIème siècle.

Le shogunat Tokugawa représente une période de stabilité. Il débute en 1603 et se termine en 1868, et correspond à l’époque Edo. Après une courte phase de développement des relations commerciales avec l’étranger, l’édit Sakoku de 1635 consacre une volonté isolationniste. Malgré cela, le pays connaît dans les 3 siècles qui suivent une forte croissance économique et démographique. Mais le XIXème siècle voit les puissances étrangères menacer la souveraineté du Japon et son isolement ne le met pas à l’abri des convoitises. En interne, le pays connaît plusieurs périodes de famine qui accroissent les critiques vis-à-vis du shogun Tokugawa. Celui-ci, considérablement affaibli sur le plan politique, est contraint d’abdiquer fin 1867 et la restauration de l’empire est proclamée le 3 janvier 1868.

 

Nous quittons le continent américain

Le 27 décembre, nous avons quitté  le continent américain et débuté notre traversée du Pacifique où deux étapes sont prévues, l’Ile de Pâques et la Polynésie Française, avant de rejoindre l’Australie où nous passerons pratiquement un mois.

J’écris cet article depuis Bora Bora, où nous restons jusqu’au 13 janvier. Dans les prochains jours, je posterai des articles sur l’Ile de Pâques.

Avant de refermer la page de l’Amérique latine, je voulais revenir en quelques phrases sur les trois mois passés, octobre, novembre, décembre. Nous avons visité successivement la péninsule du Yucatán au Mexique, la ville de Lima et les Andes péruviennes entre le Machu Picchu, Cuzco et Puno, la ville de la Paz en Bolivie, les villes de São Paulo et Rio au Brésil, les chutes d’Iguazu à la frontière entre le Brésil et l’Argentine, la ville de Buenos Aires, la côte uruguayenne du Río de la Plata entre Colonia del Sacramento et Montevideo, le sud de la Patagonie argentine à El Calafate et jusqu’au glacier Perito Moreno, la Patagonie chilienne entre Torres del Paine, Puerto Natales et Punta Arenas, le désert d’Atacama et enfin la capitale chilienne Santiago. Cette énumération montre la densité de notre programme et la variété des paysages rencontrés. Ceci étant, nous avons eu de nombreuses étapes calmes qui nous ont permis de trouver un bon équilibre entre visites, détente et travail avec les filles. En trois mois, nous avons connu des ambiances bien différentes. Dans certains pays, certains endroits, la culture indienne est restée très présente (Yucatán, Andes, San Pedro de Atacama). Dans d’autres, au contraire, c’est la culture européenne qui s’est imposée (Lima, Buenos Aires, São Paulo, Montevideo, Santiago). Rio de Janeiro est une exception car l’influence africaine est décisive dans l’identité de la ville.

Je ne connaissais pas l’Amérique latine. Je l’ai découverte à l’occasion de ce voyage. Je retiens la richesse du patrimoine archéologique au Mexique et au Pérou, les paysages à couper le souffle dans les Andes, en Patagonie ou dans le désert d’Atacama, le charme de Buenos Aires et la beauté envoûtante de Rio. Et bien sûr, je n’oublierai pas l’accueil exceptionnel que nous a réservé la famille à São Paulo. Dans l’ensemble, nous avons d’ailleurs rencontré des gens très accueillants. Ce continent m’a fait prendre conscience du poids des cultures ibériques, des langues espagnole et portugaise dans le Monde. Les connexions qui existent entre l’Espagne et le Portugal et les pays d’Amérique du Sud, devraient conduire les pays du nord de l’Europe à considérer leurs voisins du Sud avec plus de respect qu’ils ne le font généralement. Ce lien historique et culturel entre l’Espagne, le Portugal et l’Amérique latine est une chance pour l’Europe que nous ne cultivons pas suffisamment.

Voilà, nous laissons derrière nous ce continent où tant de souvenirs se sont construits. Notre connaissance de l’espagnol et du portugais nous a sans doute bien souvent facilité les choses. Nous ne bénéficierons pas du même avantage sur le continent asiatique où nous devrions passer plus de 4 mois…

 

La communauté portugaise de Toronto

Il est délicat d’aborder la question du communautarisme dans sa globalité. Le sujet est d’une très grande complexité car il met en jeu des mécanismes multiples (économie, culture, langue, religion, politique, urbanisme, histoire, guerre…). Je me considère trop peu connaisseur de ces phénomènes pour m’autoriser à en parler dans le cadre de ce blog. Je sais qu’en France nous avons coutume d’opposer notre système républicain d’intégration avec le modèle des communautarismes à l’anglo-saxonne. Même si cette opposition me semble en partie fondée, je pense que la réalité est infiniment plus nuancée et que précisément les mécanismes que j’évoquais ci-dessus font qu’il me semble hasardeux de simplifier ainsi. Par ailleurs, il existe des communautés en France, religieuses ou non religieuses. Le territoire français est morcelé. Ainsi, l’écart qui existe, entre l’idéal républicain d’intégration et la réalité, m’invite, en tant que français, a la plus grande modestie sur le sujet.

Ceci étant dit, je voulais dire un mot de cette communauté portugaise que je connais un peu. Tout d’abord, je voulais dire que cette Nation reste à mes yeux une énigme. Comment expliquer que tant de portugais, génération après génération, décident de quitter leur pays pour aller chercher fortune ailleurs? Bien sûr, je comprends la motivation économique. Mais, c’est la proportion qui m’étonne. Même si les chiffres sont à prendre avec beaucoup de prudence, Wikipedia indique que la diaspora portugaise dans le Monde s’élèverait à 82 millions de personnes pour 10 millions d’habitants au Portugal. Il me semble qu’il existe chez les portugais une propension et une capacité à émigrer qui n’existe pas dans la plupart des autres pays. C’est une force indéniable et cela révèle une grande capacité d’adaptation. Il me semble que c’est une immigration qui procède d’une démarche collective. Elle est possible car il existe des liens forts entre les individus d’une même famille, d’un même village, d’une même région, qui me semblent bien supérieurs à ceux qui peuvent exister en France. Il n’est pas aisé de décider de tout abandonner chez soi pour aller s’installer dans un pays dont on ne parle pas la langue. Mais si dans ce pays, il existe une communauté de compatriotes disponibles pour vous accueillir et vous aider à vous installer, les choses sont plus aisées. C’est ainsi que se fait l’émigration des portugais. Ils partent dans un pays où ils vont retrouver des personnes qu’ils connaissent. Et ensuite, eux-mêmes constitueront un pôle d’attractivité pour la famille ou les amis restés au pays.

La plupart des portugais quittent leur pays pour des raisons économiques et avec l’idée de revenir un jour. Cette situation d’émigré est transitoire. L’intégration, l’apprentissage de la langue, l’obtention d’une nouvelle citoyenneté ne sont pas des priorités. Ils sont éventuellement des moyens qui servent l’objectif principal qui est de se constituer une épargne pour préparer le retour. Dans ce contexte, la communauté d’expatriés est primordiale : elle est la principale source d’informations, d’aide. Elle permet également de retrouver, dans l’exil, un morceau du Portugal à travers des symboles et des marqueurs culturels forts : le drapeau, le coq, le pain, les pâtisseries, la cuisine, les jeux de carte, les chaînes de télé, les clubs de football…

La raison économique qui a amené les portugais à quitter leur pays les incite, par ailleurs, à travailler beaucoup pour maximiser l’épargne, et souvent bien au-delà des limites légales. Personnellement, je ne manque pas d’être impressionné par leur courage et leur puissance de travail.

Si l’objectif de départ est de se constituer rapidement une épargne importante pour vivre mieux ensuite au Portugal, les choses ne s’avèrent pas si simples. Les années passent, les enfants grandissent et deviennent progressivement des citoyens du pays d’accueil. Si les enfants sont arrivés très jeunes ou sont nés dans le pays d’accueil, la perspective d’un retour au Portugal peut les rebuter. Au Canada, nous avons ainsi rencontré plusieurs familles où les enfants parlent anglais avec leurs parents parce qu’ils parlent peu le portugais. La question du retour devient alors un dilemme pour les parents. Ce qui était provisoire devient progressivement une situation qui dure. Et si les enfants se marient dans le pays d’accueil et donnent des petits enfants à leurs parents, il est hautement probable que cette situation devienne définitive. Les petits-enfants deviendront de vrais citoyens du pays d’accueil et l’intégration sera ainsi réalisée.

En écrivant ces lignes, je me rends compte que je viens de raconter l’histoire des parents d’Elise et de tant d’autres portugais qui vivent en France. Finalement, ce que j’ai pu observer au Canada ressemble fortement à ce que nous connaissons en France. La seule chose qui me semble différer concerne le statut des immigrés portugais qui vivent au Canada. Beaucoup sont en situation irrégulière. Ils travaillent, consomment, achètent des maisons, leurs enfants vont à l’école… Et pourtant ils ne sont pas en règle sur le plan administratif. Le Canada semble fermer les yeux sur cette situation puisque ces personnes ne sont pas inquiétées par les autorités canadiennes. En revanche, si elles sortent du pays, par exemple pour des vacances au Portugal, elles courent le risque de ne plus pouvoir entrer. Ces portugais sont un peu comme prisonniers au Canada et ressentent encore plus fortement le besoin de se retrouver dans la communauté.

Si certains portugais regrettent d’avoir fait le choix de partir pour le Canada, nous en avons rencontré beaucoup qui étaient très heureux de cette nouvelle vie.