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Fin de notre voyage en Australie

L’Australie m’aura laissé des impressions contrastées.

Les villes sont très agréables. Culturellement, elles semblent plus proches des capitales européennes que des grandes villes américaines. A aucun moment, je n’ai ressenti la moindre violence. On voit très peu de pauvreté. L’Australie a d’ailleurs un taux de chômage très faible. De nombreux secteurs sont même en manque de main-d’oeuvre. Sydney et Melbourne sont des villes à l’architecture variée, avec de nombreux parcs et la proximité de la mer. Il y fait bon vivre.

Le coeur rouge nous a mis au contact d’une Australie sauvage, aux paysages à la beauté brute. Mais difficile de s’imaginer y vivre, surtout avec la chaleur étouffante qu’il y règne une partie de l’année.

Dans l’ensemble, j’ai trouvé les australiens assez distants. Dans tous les pays que nous avons visités jusqu’alors, nous avons eu l’occasion d’échanger avec les habitants. Parfois, il s’agit de quelques mots, d’un sourire, d’autres fois, de discussions un peu plus longues et d’échanges amicaux. Ce peut être au restaurant, dans les commerces, avec un hôte Airbnb, dans un hôtel, un taxi… Mais bizarrement, j’ai l’impression d’avoir moins eu ce type d’échanges sympathiques et bienveillants en Australie. Est-ce l’influence de la culture britannique qui explique ce relatif sentiment de froideur et de distance?

Il reste enfin, que derrière la vitrine impeccable et idéale qu’offre les grandes villes, l’Australie est un pays qui ne parvient pas à apporter une réponse à la question aborigène. La reconnaissance des crimes du passé paraît incomplète. Il semble subsister une forme de ségrégation qui ne dit pas son nom, peut-être non voulue, mais résultat d’une histoire, d’une forme de racisme qui peut perdurer et également d’une hésitation du peuple aborigène entre la perpétuation de modes de vie ancestraux et l’intégration dans la société australienne moderne. Je ne prétends pas avoir compris l’intégralité des problèmes liés à la question aborigène. Ce voyage a plutôt fait naître en moi de nombreuses interrogations.

 

Retour à Sydney

Nous avons terminé notre séjour en Australie où nous l’avions commencé, à Sydney. En fait, nous aurions pu quitter l’Australie pour l’Asie du sud-est depuis Melbourne. Mais je m’en suis aperçu trop tard. Le billet Sydney-Kuala Lumpur était déjà réservé et pas moyen de l’annuler.

Nous avons dormi dans une très belle maison d’hôte au nom évocateur de Darcy’s, sans doute en l’honneur du héros du roman de Jane Austen. La demeure avait l’allure d’un cottage anglais et nous fûmes accueillis par son propriétaire aux manières très old british. L’ascenseur qui mettait 19 secondes pour monter d’un étage faisait beaucoup rire les filles. Pour les photos, je vous renvoie à la page de Booking. J’en profite pour ajouter que tous les liens des endroits où nous avons dormi sont désormais accessibles depuis les pages pays.

Finalement, cette journée supplémentaire à Sydney a été utile, car elle nous a donné l’occasion de découvrir la côte entre les plages de Bondi et Coogee. Il existe une promenade de 6 kilomètres qui longe les falaises et les plages. Le soleil était au rendez-vous. Mais il faisait trop chaud pour faire l’intégralité de la promenade aller-retour. Nous avons donc alterné promenade à pied et route en voiture avec arrêts photos. Et puis nous avons fini notre journée en nous baignant sur la plage de Bronte et sa piscine d’eau de mer, libre d’accès. Moment très agréable pour finir notre séjour en Australie.


Coogee


Promenade le long des falaises


Ibis


Clovelly beach


Bronte beach


Bondi beach

Les aborigènes

Les aborigènes constituent la population autochtone de l’Australie. Les scientifiques considèrent que ce peuple a vécu isolé du reste du monde depuis 50.000 ans jusqu’à l’arrivée des européens au XVIIIème siècle. A l’arrivée de James Cook, en 1770, les aborigènes étaient un peuple de cueilleurs-chasseurs, constitué en 250 tribus occupant l’ensemble de l’Australie. Leur culture, reposant sur la tradition orale, était la plus ancienne sur Terre. Le XIXème siècle est marqué par la colonisation progressive des terres par les européens et les conflits armés qui en résultent. Les aborigènes sont peu à peu contraints d’abandonnés leurs terres. Ils sont déportés, transformés en cultivateurs, évangélisés…

A la naissance de l’Australie en tant qu’Etat fédéral du Commonwealth, en 1901, le droit de vote n’est pas accordé aux aborigènes au niveau fédéral. Seuls ceux qui sont inscrits sur les listes électorales d’une province sont autorisés à voter. Or l’essentiel d’entre eux ne satisfont pas à cette exigence. A partir de 1910, l’Australie mène vis-à-vis du peuple aborigène une politique d’assimilation forcée, en procédant, notamment, à l’enlèvement d’enfants indigènes de leurs familles. Les enfants ainsi enlevés sont souvent des métis de mère aborigène et de père blanc. Ces pratiques ne cesseront qu’en 1970.

Les droits des aborigènes progressent lentement tout au long du XXème siècle et ce n’est qu’en 1962, que le Commonwealth Electoral Act déclare que tous les indigènes ont le droit de s’inscrire et de voter aux élections fédérales. En dépit de cette évolution des lois, les aborigènes continuent d’être traités comme des citoyens de second rang. En 1992, le discours du premier ministre Paul Keating, appelle les australiens à reconnaître les torts causés au peuple aborigène, marquant une étape symbolique importante dans la réconciliation des communautés. Quelques aborigènes célèbres, artistes ou sportifs, contribuent à faire connaître les souffrances de leur peuple et deviennent des exemples de réussite. C’est le cas, par exemple, de Mark Ella, demi de mêlée, capitaine du XV d’Australie en 1982, ou encore de Cathy Freeman, championne du monde et championne olympique de 400 m, dernière porteuse de la flamme olympique aux jeux de Sydney, en 2000. Comment ne pas se dire, malgré tout, que ces athlètes sont des contre-exemples qui cachent la réalité que vit le peuple aborigène.

Alors que la population aborigène comptait entre 350.000 et 700.000 individus, à l’arrivée des européens, elle avait chuté en-dessous de 100.000 en 1920. Aujourd’hui, la population d’origine aborigène est estimée à 670.000 individus. Des territoires, représentant environ 10% de la surface de l’Australie, leur sont réservés. L’arrivée des européens a induit un bouleversement dans leur culture multi-millénaire reposant sur une vie en harmonie avec le territoire qu’ils occupaient. Leur territoire s’est réduit, leur population a été décimée par les conflits, les maladies, les famines, la transmission orale a souvent été mise à mal par les déportations, l’évangélisation, la sédentarisation forcée, les enlèvements, leurs valeurs ont été bousculées par le contact avec la civilisation européenne. Aujourd’hui, les aborigènes sont invisibles dans les villes. Il doit bien y en avoir. Mais nous n’en avons vu aucun à Sydney ou à Melbourne. Tout se passe comme s’il existait deux pays à l’intérieur de l’Australie : le pays des européens et le pays des aborigènes. En dépit des communications sur l’importance de la culture aborigène, qui a probablement eu une réelle influence sur ce qu’est devenu l’Australie, les points de contact semblent rares. On voit des tableaux et des oeuvres aborigènes dans les musées. En revanche, les personnes sont invisibles. Il y a du racisme. Mais je suis aussi convaincu que bon nombre d’australiens d’origine européenne ne sont pas racistes et ont hérité d’une histoire qui les a éloignés du peuple indigène. Espérons que les jeunes générations sauront oeuvrer pour renouer des liens distendus entre les communautés.

Il reste que les citoyens australiens d’origine aborigène sont écartelés entre deux voies qui semblent incompatibles : vivre à la manière de leurs ancêtres à l’écart de la société australienne sur des territoires réservés, au risque d’être dans l’incapacité de défendre leurs droits, ou, accepter de se former et d’étudier pour peser davantage dans les organes de gouvernance des provinces ou de l’état fédéral, au prix d’un renoncement aux modes de vie ancestraux. Comment trouver un chemin intermédiaire entre ces deux voies?


Oeuvres aborigènes exposées au Musée des Beaux Arts de Sydney