Jour : 11 décembre 2018

Notre séjour à Buenos Aires

Nous avons passé 6 jours dans la capitale argentine, où mes parents nous ont rejoints. Notre appartement dans le centre de Buenos Aires était très agréable.

Buenos Aires est indéniablement la ville la plus européenne que nous avions vue pour le moment en Amérique du Sud. A bien des égards, elle évoque Paris. On y retrouve des immeubles à l’inspiration haussmanienne, de très nombreux parcs et des myriades de statues qui attestent de l’importance de la culture dans la ville. Le métro rappelle également le métro parisien. La ville est riche d’une architecture variée et inventive. Parfois, des immeubles plus récents viennent offenser de belles constructions plus anciennes. Mais dans l’ensemble, la ville est très élégante.

Les porteños sont des gens très agréables. Ils sont serviables. A de nombreuses reprises, des personnes sont venues spontanément vers nous pour nous aider à trouver notre chemin. J’imaginais les argentins agités et prompts à s’énerver. Je les ai découverts calmes, disciplinés, respectueux des files d’attente, élégants.

Un seul événement a révélé une facette plus agitée. Nous étions à Buenos Aires le jour où devait avoir lieu la finale retour de la copa libertadores (équivalent de la finale de la ligue des champions en Amérique du Sud) opposant les deux clubs rivaux de la capitale argentine : Boca Junior (le club des quartiers populaires) et River Plate (le club des quartiers aisés). Pour ceux qui n’ont pas suivi, le match a été annulé car des joueurs de Boca Junior avaient été blessés par des pierres lancées par des supporters de River Plate sur le car de Boca Junior. Finalement, le match a été reporté à plusieurs reprises et s’est joué hier en terrain neutre à Madrid. C’est finalement River Plate qui a remporté le match.

Nous avons dîné tous les soirs dans des restaurants du quartier Retiro où nous étions logés. La cuisine n’est pas très variée. Elle est plutôt simple mais avec des produits de qualité. La viande de boeuf grillée ou en sauce est excellente. Les vins ne déçoivent pas. Ils brassent d’excellentes bières : la Quilmes et la Patagonia. Nous avons également mangé de très bonne pizzas dans le restaurant El Cuartito, réputé être la meilleure pizzeria de Buenos Aires. Les murs du restaurant sont tapissés d’images de sport, principalement de football.

La semaine est passée vite. Nous avons beaucoup marché dans la ville, servis par un temps ensoleillé dans l’ensemble, avec quelques nuages de temps en temps, de la pluie rarement et des températures douces tout le temps.

Il semble faire bon vivre à Buenos Aires. L’influence européenne domine, comme si Buenos Aires était un mélange d’Espagne, avant tout, d’Italie, de France, beaucoup et d’une pincée d’Angleterre. On ressent la fierté des porteños qui n’est jamais arrogance. En passant ainsi quelques jours, rien ne transparait des tragédies du passé ou des catastrophes économiques que le pays a traversées. Le seul indice réside dans le pouvoir d’achat que l’on se découvre dans le pays, signe que la monnaie argentine est faible.

Buenos Aires et quelques éléments sur l’histoire argentine

L’agglomération de Buenos Aires comptait 14,5 millions d’habitants au recensement de 2012.

Situation

La ville est située au sud du Río de la Plata, l’estuaire commun des fleuves Paraná et Uruguay. Pour rappel, les chutes d’Iguazu, à la frontière avec le Brésil, se trouvent à quelques kilomètres du confluent entre le Paraná et l’Iguazu, son affluent. Le confluent est le lieu de la triple frontière Argentine-Brésil-Paraguay. Si nous avions descendu le fleuve Paraná depuis Puerto Iguazu, nous serions donc arrivés au Río de la Plata et nous aurions trouvé Buenos Aires à droite sur la côte sud. Sur la côte nord, face à Buenos Aires, se trouve l’Uruguay.

 

Naissance de Buenos Aires

Le navigateur espagnol Juan Díaz de Solís accéda au Río de la Plata en 1516, mais il périt lors d’une attaque amérindienne. C’est en 1536 que le conquistador Pedro de Mendoza fonda une première colonie à l’emplacement de Buenos Aires (dans ce qui correspond aujourd’hui au quartier de San Telmo) en la baptisant « Nuestra Señora Santa Maria del Buen Ayre ». La colonie est à son tour détruite par les indiens en 1541. Elle fut refondée en 1580 par Juan de Garay. Pendant longtemps, les espagnols accordent peu d’importance à ce comptoir et privilégient les ports qui se trouvent sur la façade Pacifique, et notamment Lima, la capitale de l’empire colonial espagnol en Amérique du Sud.

Essor de Buenos Aires et indépendance

En 1680, les portugais, qui se sont depuis peu séparés des espagnols, s’installent à Colonia del Sacramento sur la rive nord du Río de la Plata. La présence portugaise sur la rive nord, donne, aux yeux des espagnols, une nouvelle importance à Buenos Aires qui se développe grâce au commerce. Au cours du XVIIIème siècle, la ville gagne en indépendance vis-à-vis de Lima et accueille à la fin du siècle une forte immigration d’espagnols, de français et d’italiens. En 1806 et 1807, les porteños (les habitants de Buenos Aires) subissent des invasions anglaises qu’ils finissent par repousser. Ces victoires confèrent aux porteños un sentiment de puissance qui renforcent leur aspiration à l’indépendance, née de la prospérité et des idéaux de la révolution française. Le 25 mai 1810, après une semaine de manifestations, la ville chasse le vice-roi espagnol et installe un gouvernement régional. L’indépendance de l’Argentine sera officiellement proclamée le 9 juillet 1816 par une assemblée constituante.

Une grande métropole multi-culturelle

Buenos Aires connaît un essor industriel et culturel au XIXème siècle comparable à celui des grandes villes européennes. Elle accueille dans les premières décennies du XXème siècle une importante immigration européenne.

Une histoire ensanglantée

Au XXème siècle, la politique argentine est dominée par l’influence des militaires. Entre 1930 et 1983, 11 des 16 présidents sont des militaires. Juan Perón est sans doute la figure la plus importante du siècle. Lui-même militaire, il est élu président au sortir de la seconde guerre mondiale. Il mène une politique autoritaire mais entreprend des réformes sociales qui lui octroient le soutien des classes populaires. En 1955, un coup d’état le chasse du pouvoir. S’ensuit une grande période d’instabilité pour le pays, qui voit alterner des tentatives de retour à la démocratie (notamment en 73) et des coups d’état (en 66 et en 76) , qui connaît des mouvements sociaux et des manifestations réprimés dans le sang. La violence atteint son paroxysme avec le gouvernement mis en place à la suite du coup d’état de 76, qui aurait fait plus de 10.000 victimes, majoritairement des disparus. La junte militaire, à bout de souffle, décide d’envahir les malouines en décembre 1981, pour redorer son blason. Il s’en suivra la guerre avec le Royaume-Uni qui sera perdue par l’Argentine et qui précipitera la chute du régime militaire, permettant le retour à la démocratie.

La crise de 2001

Dans les années 90, l’Argentine, gouvernée par le libéral Carlos Menem, décide d’aligner sa monnaie strictement sur le dollar, pour juguler l’inflation galopante que connaît le pays. La montée de la monnaie américaine provoque un arrêt des exportations argentines et précipite le pays dans la crise, provoquant une chute du PIB de plus de 20% entre 1998 et 2001. En décembre 2001, les manifestations populaires sont une nouvelle fois réprimées dans le sang et font 31 morts. Carlos Menem démissionne. 4 présidents se succèdent en 10 jours. Le dernier, Eduardo Duhalde, déclare le pays en état de cessation de paiement, ce qui approfondit la crise. Il met fin à la parité entre le peso et le dollar. En 2003, le plus gros de la crise est passé. Le candidat péroniste, Nestor Kirchner est élu président. Il renégocie la dette de l’Argentine. Sa femme lui succède en 2007 et restera présidente jusqu’en 2015, alors que lui meurt en 2010 d’une crise cardiaque.

L’Argentine aujourd’hui

Si la dévaluation de la monnaie a relancé les exportations, l’effacement d’une partie de la dette a fortement nuit aux investissements étrangers dans le pays. Depuis 2001, le peso argentin s’est déprécié de plus de 95% par rapport au dollar. En mars 2018, le taux d’inflation annuel moyen était encore de 25%. Il semblerait qu’aujourd’hui l’Argentine connaisse un nouveau ralentissement économique qui trouverait son origine dans les problèmes climatiques qui entraînent une forte réduction de la production agricole et donc des exportations du pays.