Catégorie : Humeurs

Départ pour le Mexique

Il est 23h à Los Angeles. Nous partons demain matin pour Cancún, Mexique. Le décalage horaire avec la France va se réduire un peu, à 7 h. Il me reste à vous raconter nos dernières étapes dans les villes de la cote Californienne : San Francisco, Monterey puis Los Angeles. Je le ferai dans les prochains jours.

Je quitte Los Angeles à regret. Nous étions très bien installés dans notre appartement, trouvé sur Airbnb. Le climat y était doux et la vie facile. Quand j’avais découvert Los Angeles il y a 27 ans, j’avais été déçu. La ville m’était apparue sans âme. Aujourd’hui, j’ai une perception différente. Je m’y suis senti bien.

Nous quittons le monde anglo-saxon, pour entrer en Amérique latine. Ce sera l’occasion de pratiquer un espagnol que j’ai eu rarement l’occasion de parler ces dernières années.

Ces derniers jours, j’ai souvent pensé à Paris. Comment est la vie des personnes que je connais? Le stress de la rentrée est déjà loin. L’automne est arrivé…

Horseshoe Bend, côté pile

Dans l’ensemble, les parcs américains sont encore très fréquentés au mois de septembre. Mais rarement, nous avons rencontré une telle densité de touristes sur un site. Probablement, est-ce dû au fait qu’Horseshoe Bend est un site facile d’accès et très photogénique. Au-delà du spectacle merveilleux qu’offre la nature en ce lieu. Il est un autre spectacle étonnant ; celui des touristes qui se prennent en photo devant ce lacet du Colorado. Beaucoup de perches à selfie, beaucoup de positions extravagantes… Le centre de la photo n’est plus le site que l’on est venu visiter, mais la personne, le site n’étant plus qu’un décor. Je ne sais que penser de ce besoin de se prendre en photo ainsi devant chaque endroit visité. Est-ce simplement pour montrer qu’on y était? Est-ce pour se souvenir de ce moment? Est-ce pour se rassurer sur le fait que l’on est vivant? Et pourquoi tant de poses extravagantes? J’ai l’impression qu’elles tournent en dérision toute chose. Est-ce que mon habitude de prendre des photos sans personne a plus de sens? N’est-ce pas aussi dérisoire?

Once upon a time in the West

Je ne peux parler de Monument Valley sans évoquer ce chef d’oeuvre de Sergio Leone. Vous trouverez ci-dessous un extrait du film qui me chavire à chaque fois que je le revois.

Il s’agit du moment où Jill (Claudia Cardinale) descend du train et arrive à Flagstone, une ville de l’ouest. Jill est une ancienne prostituée de la Nouvelle-Orléans. Elle a quitté la ville élégante de la Louisiane pour retrouver le mari qu’elle a épousé depuis peu, un irlandais nommé Peter Mc Bain qui pense faire fortune dans l’ouest.

La pendule de la gare, le visage inquiet de Jill et sa montre à gousset disent la surprise de la jeune femme qui se pensait attendue. Le temps est l’un des thèmes principaux du film. Le temps qui s’immobilise pour traduire l’ennui ou l’attente, le temps qui s’accélère quand la mort frappe, le temps qui emprisonne Harmonica (Charles Bronson) dans son passé, le temps qui avance inexorablement comme la ligne de chemin de fer qui annonce l’avènement de la modernité et la disparition d’un ouest sauvage…

Jill attendait son mari qu’elle devait retrouver dans cet ouest qu’elle ne connaît pas. Le spectateur sait déjà qu’il est mort. Lui et ses enfants ont été abattus par une bande de tueurs vêtus de longs manteaux. Jill ignore ce qu’il s’est passé, mais l’angoisse qu’on lit sur son visage laisse deviner qu’elle a un mauvais pressentiment. Sur un sol poussiéreux, elle se résout à quitter la gare. La musique mélancolique d’Ennio Morricone va progressivement se faire plus intense et plus présente. Commence alors, un plan extraordinaire, qui débute par un travelling arrière qui accompagne Jill jusqu’à la gare, nous montre l’intérieur de la gare par la fenêtre, puis la caméra s’élève progressivement, à mesure que la musique monte, pour nous faire découvrir cette petite ville de l’ouest balayée par la poussière.

On retrouve Jill à bord d’une carriole dirigée par un homme qui la conduit à la maison de son mari. Son regard change à mesure qu’elle découvre la ville, comme fascinée par ce qu’elle voit. Puis, ils quittent la ville et traversent les paysages fabuleux de Monument Valley, passant notamment devant les ouvriers qui construisent la ligne de chemin de fer qui doit relier la cote Pacifique et la cote Atlantique…